Quand le coeur saigne, la vie s'assèche...

Des flocons de neige tombent du ciel, du salon où je suis assis sur le canapé, à l’encoignure de la fenêtre où tu aimais t’asseoir, je regarde le monde être peint en blanc ; mon regard mat et hagard se perd dans l’obscurité de mon désespoir, le poids de ton silence nuit et bruit dans les abysses de mon être dont la paix ne dépend que de la lumière de ton visage. 
Je ne sais vaincre cette fragilité que me procure ton absence qui m’apparaît comme un titan contre lequel je ne pourrai rien faire, qui m’astreint à une inopinée solitude alors que toute ma quiétude ne se conjuguait depuis que dans le binôme que nous formions.
Je suis poète, ancré dans la sublimation quasi-naturelle de ce qui advient dans mon existence, alors plus je tente de faire de la résilience en laissant ce fossé se creuser entre nos deux vies, plus les blessures scarifient la paroi de mon cœur où se loge tout l’amour que je porte pour toi. Cet amour précieux qui a laissé éclore une pluie de larmes sur mes yeux le jour où je t’ai épousé, le jour où une alliance est venue éclaircir le charme de ma main gauche qu’avait décorée ta main droite.

Le plus difficile est de me reconstruire de nouveau, ce vide que tu laisses croître puisque ton libre-arbitre en a décidé ainsi ; je ne sais te confesser la taille de la passion que tu vaux dans l’échelle de tout ce qui tient ma vie en équilibre ; je me résigne dans le cocon de mes meurtrissures, non pour être la victime de ta colère inextinguible, mais pour laisser que le sort, qui est le mien, soit scellé comme le destin le voudrait. 
Plus tu ne dis mot en une journée, plus je suis comme un feu en extinction dont la flamme s’amenuise, espérant un peu d’air pour être revigoré, pour prendre de l’ampleur. Depuis cet incident qui nous a précipités dans les abîmes, je me force de vivre, de survivre aux escarcelles de l’amertume, même que toute la tune du monde ne saurait effacer d’un revers de la main le brouillard qui assombrit mon bien-être.  

Comme un supplicié, j’attends avec angoisse que la lame de la guillotine ne me sectionne la tête, peut-être mort, je serais à la fois guéri et libéré de t’aimer tant, de ne plus souffrir d’attendre indéfiniment que tu me reviennes. Peut-être que c’est la sanction qu’il faut pour que ton cœur soit en paix.  

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