Kabila Joseph ou l'art de faire d'un géant un biscuit

La peur du vide institutionnel qu'incarnait Laurent-Désiré Kabila après son assassinat, a amené Eddy Kapend, aide de camp de ce dernier, qui avait en son temps intimé l'ordre à toutes les forces de la République malgré son grade de colonel, à le combler par un pseudo-mécanisme juridique pour asseoir, non une continuité par le droit mais par le sang. Une forme d'hérédité républicaine proche d'une succession monarchique. C'est ainsi que Joseph Kabila se voit propulser au sommet de l'état congolais. Les institutions du pays siégeant à Kinshasa, les habitants de la capitale se posèrent plusieurs questions sur le nouveau chef que leur improvise une certaine garde de collaborateurs immédiats du défunt président. Kabila Joseph reçoit la bénédiction de l'Occident parce qu'il va se plier à toutes les exigences de Brettons-Woods. Le pays sera transformé en un vaste chantier d'investissements avec le code minier de 2002 écrit garce au soutien de la banque Mondiale. De ce vaste chantier naîtra d’inouïes possibilités de corruption et les autorités ne vont pas s'en priver, à commencer par la présidence de la République elle-même. Une succession de contrats léonins sera signée avec les entreprises chinoises et avec quelques entreprises occidentales dans le total déni de lois permettant une certaine transparence de la transaction opérée, soi-disant, pour faire le bonheur du peuple. Kabila Joseph, petit à petit, a installé un désordre organisé dans une structure chaotique que certains osent encore, par audace et par illusion de bien faire, d'appeler "République Démocratique du Congo" alors que nous sommes dans une délitescence complète des structures fondamentales qui font qu'un état existe. Le pays a été transformé en pandémonium de la corruption et du racket où ne subsistent que des esprits pleins de fourberie et de flibusterie dans une paranoïa de bien vivre. Surtout de se faire contempler dans leurs bonnes vies par le reste de la population plongé dans la misère la plus exécrable.

Avec les accords de paix signés en 2003 pour mettre fin à la guerre datant de 1998, la république s'est transformé en marigot. Tous les crocodiles rêvant de viande après avoir ouvert grandement leurs gueules vides le long de ses rivages, ont été servis. Des gens dont la seule logique était le verbe démocratique ont été placés dans les structures de l'état, mais ce qui est curieux, aucune solution n'a été trouvée aux problèmes fondamentaux qui rongent le pays, à savoir la pauvreté et l'insécurité. Toutes les plateformes gérant ont brillé dans des dépassements budgétaires inédits. Les membres de cabinets politiques se sont embourgeoisés au nom de la récompense qui leur a été offerte par la participation aux institutions d'une république qu'ils devaient reconstruire.

Si la guerre a pris fin ; au Kivu, elle est restée présente. Malgré la salve de bonnes intentions sur la restructuration de l'armée. Au Kivu, la guerre se concentre autour des carrés miniers. Le coltan en constitue le nœud. Des groupuscules armés pullulent dans la région avec comme leitmotiv la lutte contre la dictature du président Kabila. Des armes leur sont fournis par le biais d'une certaine complicité de la hiérarchie de l'armée congolaise avec laquelle ils coopèrent dans l'exploitation des minerais qu'ils évacuent par le biais du Rwanda où sont installés la majorité de grands comptoirs d'achat de ce minerai et de la société canadienne AB Minerals(1) qui le traite. Le cafouillis insécuritaire à l'Est du Congo est aussi une affaire d'anciens compagnons d'une révolution ratée, qui se complaisent dans une course effrénée d'accumulation de richesses au nom de la prépotence de leurs canons; et souvent les rivalités, entre eux, les poussent à des massacres sur la population civile pour se discréditer, se jeter de l'opprobre afin que la communauté internationale, ce cynique arbitre, distribue les cartes d'exclusion aux monstres désignés.

Avec l'annonce de la non-représentation de Joseph Kabila à la présidence, en ouvrant la voie, non pas à l'alternance, mais à plus d'opacification de son pouvoir, le pays va sombrer dans le monde parallèle avec un cabinet occulte hyper-puissant qui va être un instrument pas de moindre de contrepoids par rapport aux institutions fantoches qui sortiront des élections biaisées, si l'opposition ne prend pas des mesures concrètes pour démontrer la triche en masse qui va se perpétrer. Déjà, cette communauté internationale se permet un langage flou en félicitant Kabila de ne pas s’être présenté alors que l'homme a été de tous ses mandats une vraie catastrophe en termes de corruption, de concussion et de meurtres de masses, surtout dans le Kasai.

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