Entre consœurs, au nom des intérêts obscurs, on se bouffe le coeur....Marie-Ange Mushobekwa sacrifie Rachel Kitsita sur l'autel de son consortium politique....

Au couteau suisse, La ministre Mushobekwa dépèce Rachel Kitsita

La ministre des droits humains publie une longue diatribe pour accuser la Journaliste Rachel Kitsita N’dongo d’avoir publié des images privées qui étaient censées réservées au premier ministre. Sur sa page Facebook, une envolée lyrique aux allures de réquisitoire est affichée faisant porter un lourd discrédit au journaliste qui se serait rendu coupable d’un acte scélérat digne d’une presse de bas-étage dont le seul et l’unique but est le buzz, loin de toutes les règles déontologiques.
La journaliste, à son tour dans le démenti qu’elle fait sur sa page Facebook, ne semble ne pas avoir pris soin de répondre au ministre, son collègue d’hier, acquiesçant presque sans mot dire tous les griefs que lui porte son excellence : c’est comme ça qu’on appelle n’importe quel individu qui devient ministre au Congo, le prénom et le nom disparaissent pour ne laisser place qu’à cette terminologie que l’on porte des fois à vie.
Mais tout le monde qui connait comment fonctionnent nos excellences le journalisme est un outil de promotion, surtout à l’heure des réseaux sociaux, chacun d’entre eux veut donner l’impression qu’il travaille, d’où cette absolue nécessité de publicité pour convaincre que, malgré la situation catastrophique dans laquelle le pays est plongé avec leur gouvernance, le travail se fait pour améliorer. Ainsi, rien ne se fait sans que les projecteurs de la presse ne soient invités à des fins d’anesthésier les esprits sceptiques et revigorer leurs fois. Sur les réseaux sociaux, le jour de la visite de la ministre des droits humains chez Dorcas, victime de la répression de la marche du 31 décembre, aux cliniques universitaires de Kinshasa, Rachel Kitsita a fait une transmission directe de l’évènement. Si la volonté existait de garder dans la discrétion ce déplacement ministériel, je crois que la journaliste en aurait été informé ; nous aurions aussi entendu dans ses mots arguant son démenti, peut-être un mea culpa pour avoir transgressé un ordre de son collègue devenue ministre. Plutôt Excellence.

Effet boomerang

En rendant visite à Rachel, de son propre chef comme elle le dit si bien, la ministre Mushobekwa a voulu faire preuve d’humanité, c’est sûr, mais un geste qui entre totalement en contradiction avec son collègue de la presse, maître en cabale rhétorique et capable de convaincre les anges de se rebeller contre Dieu, car il affirme la doxa de la répression barbare dont a été victime une population désarmée qui n’a voulu que manifester un mécontentement absolu devant un pouvoir dont la prolongation comme gestionnaire des affaires publiques ne fait exacerber les tensions avec le chaos ambiant qui prévaut dans l’ensemble du territoire. Dorcas est une preuve à conviction que les militaires ont délibérément ouvert le feu sur le peuple malgré les nombreuses dénégations ci et là des membres du gouvernement, et à aucun moment, il n’a été entendu qu’une enquête serait ouverte pour que les auteurs de ces bévues soient poursuivis. La ministre dans ses déclarations à la presse parle des enquêtes conjointes avec les organisations de défense des droits de l’homme, mais sans insister sur le règlement judiciaire de la question. Sa visite, au lieu de susciter un enthousiasme gouvernemental, n’a fait que fragiliser sa délicate position dans le fait que déjà, avec les jours qui passaient, le massacre du 31 décembre qui leur incombe commençait à être oublié avec la valse de la Conférence nationale épiscopale à Brazzaville et bien d’autres activités politiques au pays. Mais aussi ce geste peut s’apparenter au dicton qui dit que le criminel revient toujours sur le lieu du crime. Devant tous ces paramètres qui n’ont pas plu certainement à sa hiérarchie, la ministre a dû vivre des remontrances qui l’ont contrainte à chercher un bouc émissaire en la personne de Rachel Kitsita.

Marie-Ange Mushobekwa, une journaliste controversée

Dans les années 2000, en pleine guerre civile, surtout avec des massacres à répétition à l’Est, Marie-Ange Mushobekwa, animatrice de l’émission. « À cœur ouvert » sur Antenne A, diffuse une interview qu’elle a réussi à réaliser avec le président rwandais Paul Kagamé (Dieu seul sait comment elle y est arrivée) alors que ce dernier est désigné depuis comme l’auteur moral de tous les maux que la république connaît en ce qui concerne les récurrentes violations des droits de l’homme qu’enregistre l’Est du pays. Elle connaîtra même une fatwa des services de sécurité, mais elle réussira à s’en sortir, Dieu seul sait encore par quelle magie.

Toujours dans les années 2000, elle interviewera le défunt père de Jean-Pierre Bemba à l’époque chef de la rébellion du mouvement de libération du Congo. Au cours de cet entretien, le défunt père du sénateur Bemba, paix à son âme, fustige les actions de son fils avec des mots très durs. Après la signature de l’accord de Sun-City de 2003, Bemba est vice-président du Congo démocratique, investi candidat à l’élection présidentielle de 2006, dans une campagne très mouvementée face au président Kabila, quant à son père, réconcilié avec son fils, il est sénateur du parti de ce dernier.

Marie-Ange Mushobekwa choisit cette période de délicate cohabitation politique pour diffuser l’émission qu’elle avait réalisée avec le père de Bemba dont les propos, avec le siège qu’il occupait au sénat au nom du parti de son fils, sont devenus obsolètes. Cette inadvertance voulue sera couverte derrière la liberté de la presse quand l’entourage du père s’en offusquera. Personne ne s’est posé la question de ce choix malencontreux quand il sautait aux yeux de qui que ce soit qu’entre le sénateur Jeannot Bemba et son fils Vice-Président Jean-Pierre c’était l’embellie et que la diffusion de ces images, au-delà de son caractère historique, en cette période-là, n’avaient comme but que de contrarier et de nuire à une réputation politique, au profit de celui que tous peuvent deviner.

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