Le jour où ils ont décidé de saigner le Congo ...

Je suis à l'Université de Kinshasa le 2 août 1998. La vie estudiantine est rythmée par les informations que nous livre RFI, sur la situation tendue que connaît le pays, depuis que, précédemment, le président Laurent Désiré Kabila a décidé de mettre un terme à la coopération militaire entre la République démocratique du Congo et le Rwanda. Et depuis le départ forcé des contingents rwandais de l'armée patriotique rwandaise, il se fait que les congolais d'origine rwandaise se sentent mal à l'aise. Certains ont même préféré partir avec les troupes rwandaises. 

Le 2 août, dans la nuit, Kinshasa sombre dans un déluge de 🔥. Une tentative de putsch échoue, elle est menée par les militaires congolais d'origine rwandaise. Au même moment, à l'Est, nous apprenons qu'une rébellion a pris corps, avec une majorité de congolais d'origine rwandaise, avec l'appui de Kigali. 

Cette rébellion, forte de l'appui du Rwanda, va se permettre une opération commando digne d'un film de Sylvester Stallone, en détournant un avion de ligne depuis le Kivu, à l'Est du Congo jusqu'à l'Ouest, où elle va s'emparer de la base militaire de Kitona, qui a été un camp de concentration pour les ex-militaires du régime déchu de Mobutu.

Sous la dynamique de l'actuel ministre rwandais de la défense, James Kabarebe, alors assimilé congolais, cette rébellion ne s'en prendra pas seulement aux objectifs militaires, mais aux objectifs civils aussi, dont le barrage hydroélectrique d'Inga, alimentant plus de la moitié de la ville de Kinshasa en électricité, qui sert aussi à la déserte en eau potable. Elle privera donc les dix millions habitants de Kinshasa d'eau et d'électricité pendant des semaines.

Étudiant à l'Université de Kinshasa, nous avons connu les affres de cette privation de courant électrique et d'eau. Le pays n'étant pas doté d'une armée sûre, nous ne pensions plus qu'à survivre et défendre la patrie, s'il en faut. D'ailleurs, les officiels de la République ne s'affichaient plus qu'en tenue militaire pour nous signifier la gravité de l'heure. Le président Laurent Désiré Kabila lança à cette époque son fameux slogan : "La guerre sera longue et populaire"

Puis il eut la bataille de Kinshasa. l'Université de Kinshasa où nous étions logés put neutraliser une cinquantaine de rebelles, qui purent arriver de ses alentours avec la ferveur populaire de l'élan patriotique que portaient les étudiants. Les interventions des armées angolaises et Zimbabwéennes mirent fin à l'Ouest à l'aventure de cette triste rébellion baptisée"Rassemblement congolais pour la démocratie"

À partir de cette défaite, ladite rébellion ne restera active qu'à l'Est, avec un lot impressionnant de massacres de civils dont les plus célèbres furent Makobola, Mwenga, Kasika etc... Surtout le viol des femmes Congolaises de tous les âges. Sans distinction d'âge. De tous ces crimes, personne n'a été puni. Tant bien même qu'il est possible de refaire la traçabilité des responsabilités de chacun des acteurs ayant joué un rôle dans la tragédie qui sévit actuellement au Congo depuis plus de vingt ans. On continue à tuer à l'Est du Congo en toute impunité malgré un important dispositif des Nations-Unies, dont l'opération de maintien de la paix est la plus importante de l'histoire de cette institution.

Cette rébellion lança le début de ce que nous appelons : Le génocide congolais. Jusqu'à ce jour on parle de plus de six millions de morts. Et personne pour répondre de ces crimes abominables. Commis dans l'indifférence totale, comme si les congolais ne font pas partie de l'espèce humaine. Des femmes et des hommes dont la mort, dans ces conditions, ne mérite pas une indignation générale du monde bien-pensant. Celui qui distribue les échelles d'indignation à travers le monde.


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