Dans la flamme des mots

Il y a dans la poésie une impulsion instinctive, une étincelle d'où tout s'enflamme, où les mots s'alignent pour que la flamme soit dans la luminescence pleine où la raison détermine avec pertinence l'objet dont on parle. Il y a dans le désir d'écrire, l'ambition de décrire le monde, de sonder l'infinitude dont il est constitué, de plonger dans l'étendue des possibilités que nous offre l'expérience humaine, pour qu'au final, les zones d'ombre dont est faite l'âme humaine soient éclairées avec simplicité, arrivant à réduire sa complexité à une modestie facilement intelligible par tous ceux qui sont soucieux, un tant soit peu, de disséquer la réalité intrinsèque et extrinsèque de la vie.

Autant que la poésie, la littérature joue le même rôle, avec ce souci de faire chanter la langue, l'arrondir en lui conférant un esthétisme capable de peindre l'horreur de manière maligne afin de révéler l'élégance que comporte la combinaison linguistique dans laquelle elle est exprimée et expliquée. La littérature traduit le monde et les hommes qui valent sa matière première, elle les fignole pour en faire un produit apte à inséminer non pas seulement les consciences mais aussi la raison des hommes, jusqu'à féconder les esprits dans la vision dont on peut avoir du destin commun d'ici-bas, même dans la perception de l'au-delà.

La littérature est une lumière qui jette, dans l'obscurité dont peut se recouvrir la sensibilité humaine, une lumière aurorale, une raie s'obstinant à conquérir l'oppression que dressent l'orgueil et l'arrogance de certains esprits fourbes, des âmes perfides convaincues de leur superlativité, immergées dans le bain illusoire d'une gloire certaine que le monde leur délivrerait tôt ou tard, décuplant leur pugnacité dans une boulimie du sarcasme, et surtout dans la valse d'une écriture sans âme. La littérature est un ascétisme, une transcendance où l'être n'envie point, se concentre pour entendre chaque pulsion qui traverse l'infiniment petit millimètre de sa chair afin de dire l'exactitude de ce qu'il en était, dire la franchise et la sincérité ressenties lorsque l'impulsion naquit.

La littérature peut être défiance et liberté, un espace où se conjuguent les parjures, les injures, les insurrections, et se construisent les parures pour faire face au mal dominant, pour cocufier la prépondérance de cette servilité que nous imposent les circonstances, faire un pied de nez à ces souffrances qui nous collent à la peau, tourner en dérision la sévérité de ces maux que nous infligent les vicissitudes du destin.

Dans la littérature, l'écrivain et le poète inventent un univers, où aucune possibilité n'est exclue, où les mots explosent dans la quintessence d'un pouvoir presque divin, donnant à la parole le poids de son incidence initiale, qui affirme que c'est d'elle que tout a commencé à exister. Et l'écrivain ou le poète deviennent des magiciens à la fois du verbe et des mots. Des généralistes de la parole, car aucun domaine n'échappe à leur sensibilité et à leur créativité. Tout est à leur portée afin qu'ils construisent et décrivent le monde. Ni

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