Être seul à croire en ses rêves est un acte lourdement pesant, que l'on endosse avec foi derrière le silence de son visage, malgré que des voix en sourdine insufflent le doute, bien que certaines langues confessent l'échec de ce en quoi l'on croit jusqu'à proclamer, sans railleries, la déroute de cette idée et la banqueroute de cette entame. Chaque fois qu'un rêve s'élève dans tout esprit, l'adversité muette, sournoise s'arrime à son corps pour le voir chavirer comme un bateau à la coque perforée. C'est là qu'il faut se terrer dans l'effort absolu, efficace et efficient, ne pas résister à la charge que, gratuitement, l'on vous porte, mais la subir et s'en servir comme carburant qui fait rugir la rage de vaincre, de ne point craindre de faillir, et surtout d'avoir toujours et encore la force de resurgir de ce trou où l'on t'a cru enseveli et absorbé. 


Le rêve est un monde de solitude, la solidarité est une denrée rare, ne s'y balade que d'âmes avares, elles-mêmes rêvant à tout prix de succès, d'accès à la célébrité de leur réussite au point de malmener et d'enterrer qui leur paraît un obstacle. Le rêve n'est pas toujours une lumière qui illumine, il arrive que rien que l'apercevoir et en parler, peut inciter au plus sombre des souhaits de vos interlocuteurs qu'ils confessent dans l'intimité de leur haine déguisée en sourires enjoués qu'il vous adressent.


Je rêve pour ne pas pourrir dans le sarcophage de la médisance, pour ne pas rester dans l'illusion qui anesthésie l'imagination au lieu de la vivifier comme le rêve le fait, je rêve pour défaire ses imprécations que m'impose le monde à cause de ma foi en la beauté de mes rêves. Je rêve parce que la vie est une belle fleur qui flétrit quand aucun rêve ne l'insémine. Le rêve féconde la vie pour en faire un processus en gestation, une grossesse à porter jusqu'à ce que naisse la réalité incubée en son sein et palper la joie de l'enfantement.


Dans mon regard affable, le rêve trace les traits à la fois de la résilience et de l'abstinence face à toute tentation au mal. Mon esprit obnubilé par ce rêve est devenu une terre arable où les graines donnent des fruits à temps et à contretemps, le rêve aseptise mon être de toutes les petites peines et souvenirs qui aigrissent l'âme au point d'en faire une étoile éteinte et pleine de haine. Je rêve parce que la sainteté et la sobriété me rendent pur et limpide comme le ciel de Sia-Mfumu de mon mayombe natal.

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