Dans la cour de Sa Majesté Silentuim au Congo-Kinshasa

Depuis l'Est, le pays saigne, en abondance, non pas de sang seulement, mais en minerais. Le pays se fait trucider pendant que les politiciens pérorent à longueur de journée sur l'herméneutique des textes, sur la syntaxe et la lexicologie. Des hommes ne rêvant que des prébendes, prêts à monnayer le soutien populaire pour se faire du blé, de l'oseille, question de vivre dans la plénitude leurs délires et leurs délices, murer définitivement cette pauvreté dont ils sont issus, enfermant en son sein les autres qui devraient passer leur temps à les contempler dans ce bonheur exclusif qui est un droit commun, dont ils font un privilège sous la contrainte des fusils et des baïonnettes, se prenant pour des farfadets pour qui le pays n'est qu'un jouet dont ils disposent comme bon leur semble. 
En tout temps, ce bal, où le verbe politique savant est dicté, continue. Sans cesse, et rien ne change, les promesses se chantent, s'entassent, s'enlacent, le temps passe; et la dèche, la plus rude, mûrit dans les esprits de ceux qui y croyaient, jusqu'à ce que les rides traversent leurs visages désabusés d'avoir eu la foi, la pauvreté dans l'arène est encore la championne.    
Des longilignes, au corps sec comme un bout de bois datant de l'époque tertiaire, aux membres fins et frêles comme des mantes religieuses, traversent la frontière pour déverser la folie de leurs canons dans nos paisibles villages, tuant des familles, s'enivrant la troisième et courte jambe dans le bas-ventre de nos mères, filles, femmes, et dans leur désinvolture du plaisir, aucune femelle n'est épargnée, même des fillettes et les mémés y passent, pourvu que la souffrance et la jouissance s'accouplent dans ce coït brindezingue qui démolit à la fois l'honneur, la dignité et la personnalité de nos familles qui restent marquer à tout jamais.

Nos champs baignent dans l'abandon, délaissés par les mains qui les ont fait naître, celles qui ont planté et soigné tout ce qui s'y trouve, désormais la précarité guette nos enfants, dont les bouches s’assèchent de famine et les lèvres se fissurent de disette, l'esprit asséné d'un désespoir lourd comme le monde, dans leurs yeux ne se lit plus qu'une détresse que les mots ne savent décrire, pendant ce temps, le cancre qui s'est arrondi le corps d'opulence, de resquille, de crimes, dont le visage bouffi comme un orang-outan en surpoids, avec sous le menton une forêt de poils à la fois sombres et grisonnants, s'emploie à sa grande bigoterie qu'est le silence comme pour communier avec les affres qu'endure le peuple, alors qu'il s'en fiche, si pas, il fout le doigt là, l'index,  où point ne lui sera besoin de le renifler après. Il semble bien engluer dans cette sagesse africaine qui dit que le chef boit beaucoup mais il pisse peu, cela veut que le chef écoute beaucoup et il parle peu. Le silence du chef apparaît nécessaire mais le sien est celui d'un grand nigaud à l'esprit fourbe qui n'a que l'apparence pour se faire valoir à la place de la parole et les actes qui construisent une notoriété.  

Des paraboles de tous genre arrosent les oreilles du peuple, inséminant des espoirs, tellement attendus et entendus qu'ils deviennent soporifiques, même, comme des lointaines illusions auxquelles on ne sait plus croire dans le présent, qu'on s'accepte vivre une période souhaitée charnière entre l'ancien temps fait des chaos et des prévarications et l'instant à venir, futur, qu'on espère porteur d'une graine autre que celle qui a pollué le temps vécu dans la misère comme récompense des générations entières.
Le Congo démocratique fait figure de piètre géant, malingre, rachitique, qu'importune même une fourmi sans qu'il ne réagisse dans la splendeur de sa grandeur, ceux qui prétendent s'en charger et qui veulent garder un pouvoir dont ils n'usent que pour se remplir les poches et se gaver des graisses dans la boulimie de bien vivre, en toute exclusivité, loin de la multitude, et de ce privilège et ses bénéfices paraître aux yeux de leur communauté dans une différence absolue entre eux qui détiennent le pouvoir et ceux qui dépendent dans leur existence quotidienne des moindres gestes de ceux qui commandent. 

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