Le président et ses enfants, amoureux des selfies dans le désert congolais qu'ils construisent....

Il fallait mémoriser les instants, les figer dans le temps, avec toutes les émotions, enfermer dans le dôme magique de l'événement ce que furent les gestes transparaissant de ce que l’âme ressent, dans le présent afin d'en faire vivre l'intensité aux générations futures ; c'est à cela que Nicéphore Niépce s'est attelé jusqu'à ce que naisse la photographie. Depuis les délices de nos moments se sont affranchis de l'oubli qu'impose la marche du temps. N'importe quelle descendance pouvait disposer des archives de premières mains de ce que furent leurs aïeux. Pour le féru de la politique que je suis, la photographie permet d'éplucher les conglomérats politiques depuis les souvenirs imagés, de dépeindre dans des fresques littéraires les frasques de ceux qui prétendent pendant mon époque servir le pays alors que tout se meurt et s’assèche, sans les gêner dans leur orgueil de dévergondés qui arguent travailler d'arrache pied pour le bonheur collectif.

Depuis que cette photographie est libéralisée, démocratisée même,  avec les selfies; ceux dont les visages apparaissent dans nos postes téléviseurs comme politiciens s'affichent dans une boulimie de remplir l'espace public avec des autoportraits pour se construire une notoriété du paraître et non du mérite, au nom de cette fourberie derrière laquelle ils se présument démocrates, avec tous les attributs que vaut l'inepte concept substitué à l'original, dont ils usent dans la démesure de ce que vaut leur farce au détriment du peuple.

Dans un pays qui agonise depuis tous les beaux discours qui comblent le peuple d'illusions, les soi disant politiques s'adonnent aussi aux selfies, se faire photographier et partager dans les réseaux sociaux, affichant la posture débonnaire qui met en lumière tout le charme de leurs visages bouffis que des prébendes iniques entretiennent, pendant que le peuple se comble de désespoir jusqu'à croire que le pays est scellé par un destin maudit, qu'une malédiction plane sur son avenir.

Dans ce pays accroupi, truandé au nom de ce que l'on qualifie de politique qui n'est qu'une bande de pillards à la solde de Babylone, pour le grand bonheur de Babylone, où la médiocrité se comble d'arrogance malgré l'hideuse misère qu'elle engendre, des piètres individus se bourrent des titres à satiété, des titres honorifiques pour s'anesthésier de la laideur que revêtent les actions quotidiennes sur le destin national qu'ils remplacent par des itinéraires personnels truffés de malhonnêteté, de mesquinerie, de roublardise et de crimes silencieux et bruyants que nulle loi ne sait prendre en compte, car celle-ci est impuissante devant tout ce qu'ils sont comme politiques.

Dans ce pays délabré où gouverne une majorité corrompue jusqu'à l'os, des selfies ne cessent d’être à l'ordre du jour, de toutes parts: surtout les derniers de la majorité dont les membres sont allés, comme à Canossa, renouveler leur fidélité à un chef de l'état dont le mandat est échu, que d'autres rêvent déchu depuis, dans une orgie des sourires niais, dévots, stupides, dans une effervescence enfantine comme dans une garderie. Ces grands enfants sont allés consulter leur autorité morale, se congratuler pour le sale boulot aux résultats cyniques qui enlisent la grandeur dont nous ne cessons de rêver pour ce pays que l'on assujettit à la fatalité et à la précarité. 
Sur chaque visage à coté de l'autorité morale, un émerveillement béant et idiot qui ne devrait pas être au regard des affres dont souffrent les populations, surtout face la vulnérabilité dont sont victimes tous ceux qui ne cessent d'endurer les multiples guerres de l'Est du Congo, mais aussi la surexploitation de nos terres tant dans la faune et la flore, comme dans les mines ; ces selfies avec tant de légèreté ne sont que le point focal d'une insouciance assumée d'une certaine classe politique qui pense n'avoir aucun compte à rendre à qui que ce soit, et que, dans la perspective de plaire au chef, ces selfies apparaissent comme une arène où se mesure à l'attachement des uns et des autres en la personne de leur maître qu'ils appellent affectueusement "Le rais" mais un titre porté par un type qui est tout le contraire de Nasser l’Égyptien que l'on appela aussi ainsi.


  

   

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