Les affres du Kivu...

Tôt, dans la brume matinale, quand la rosée dégouline depuis les fraiches feuilles des caféiers et des théiers, quand le soleil débout depuis le ciel ne trouve aucun interstice pour glisser ses rais de lumière, nos mères s’étaient déjà levées, dès l’aurore elles apprêtaient les outils et les paniers pour aller à la rencontre de la terre, celle qui se tasse sur les flancs du Ruwenzori et du Nyiragongo afin que de combler l’existence d’utilité pour soi et pour la progéniture, nos mères bravent le froid matinal des altitudes en couvrant leurs corps de garnitures textiles diverses mais raccommodées dans une parfaite esthétique afin de vaquer librement à leurs tâches champêtres.

Mais ce paradis fait des lacs entre les sempervirentes végétations couvrant des montagnes qui se perdent dans la vastitude du ciel n’est plus que l’ombre d’un Eden poisseux où saigne le sang dans la sueur des enfants asservis à la guerre et à la quête des minerais dans des souterrains précaires, où pullulent les crimes et les abominations au nom du profit que se font les seigneurs de guerre qui ont décidé de transformer ce bel espace en pandémonium, ainsi depuis son sous-sol riche s’extraient l’uranium, le colombium, la tantalite, le plutonium et d’autres métaux rares et chers, pendant ce temps dans ce condominium administré par des forces mortifères qui distribuent la mort comme des petits pains dans une garderie d’enfants, l’entrejambe des femmes apparaît comme le déversoir de leurs frustrations mal ingurgitées, avec rage, ils s’accaparent de nos mères, de nos femmes, de nos filles, de nos fillettes et de nos grands-mères pour se consoler dans un rabotage effréné afin d’assouvir leurs passions salaces et bestiales dans une décapante brutalité qui enterre la liberté au profit d’une docilité servile des victimes, embrigadées dans cette orgie horrible et atroce, que le sexe de la femme d’où se perpétue l’humanité soit l’objet d’une si odieuse entreprise ne générant que des croûtes sanguinolentes de peaux arrachées dans la violence des gestes le long des routes où se perdent des sanglots anonymes, des cris orphelins et des yeux larmoyants sous l’emprise du désespoir.     
       

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