Imbroglios devant l’avenir du Congo Kinshasa avec la fin ou non du régime KABILA dans un processus de conciliation piloté par l’union africaine

Un énième dialogue en République Démocratique du Congo

Depuis le dialogue de Sun City en Afrique du Sud en 2003, le Congo Démocratique n’avait plus que   que sa constitution comme unique consensus du jeu politique. En septembre 2015, le président actuel Joseph Kabila lançait les concertations politiques(i) entre les différentes forces politiques du pays. Et lors de son discours politique du 28 novembre 2015, il promettait un dialogue de la classe politique dont le but était de préparer la bonne tenue des élections.  Il déclarait : « J’ai décidé ce jour la convocation d’un dialogue national  et la mise en place  d’un comité préparatoire pouvant régler tous les aspects liés à son organisation » ; il avançait aussi que « la capacité actuelle de mobilisation des recettes ne permet pas  l’organisation du scrutin comme prévu dans le budget de la commission électorale », puis il finissait par une interrogation «ne peut-on pas engager dès à présent une réflexion sur un système électoral avec des modalités de votes peu coûteuses comme c’est le cas dans d’autres pays»
L’offre de Kabila avait reçu un accueil mitigé de la part de la classe politique congolaise. Le parti historique de l’opposition congolaise UDPS s’était dit prêt à participer à ce forum à condition qu’il se tienne sous l’égide de la communauté internationale. Quant au MLC, il a vu dans cette initiative une tentative de Kabila de se maintenir au pouvoir au-delà du mandat fixé par la constitution.  

L’apport international pour la tenue du dialogue

Dans une initiative collective, les partenaires du Congo sur la scène internationale s’arriment à l’idée du dialogue, et pour faciliter la tâche aux parties congolaises. Un facilitateur sera désigné en la personne de l’ancien premier ministre togolais Edem Kodjo par l’Union Africaine. «  Cette nomination vise à aider à la convocation d'un dialogue global en vue de régler les problèmes liés aux prochaines élections en RDC », et aussi « cette nomination est conforme à l'engagement souligné dans le communiqué conjoint de l'Union africaine, des Nations Unies (ONU), de l'Union européenne (UE) et de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) du 16 Février 2016 pour continuer d'aider le République démocratique du Congo dans cette entreprise », rapportait Radio Okapi.
Avec la résolution 227, le conseil de sécurité invitait la commission électorale indépendante à publier le calendrier des élections et demandait au gouvernement d’élaborer un budget et un code de conduite pour les élections législatives et présidentielles.  

Edem Kodjo consulte la classe politique congolaise

Dans un élan de trouver un large consensus autour de sa facilitation, Edem Kodjo entamera des contacts avec la classe politique de tous bords. Celle de la majorité présidentielle et de l’opposition. Il se rendra à Bruxelles pour rencontrer Etienne Tshisekedi qui a présidé des grandes assises de l’opposition à Genval (le conclave de Bruxelles Genval)en Belgique. Ce dernier appellera les politiciens à participer à ce dialogue « N’en déplaise à ceux qui veulent plonger le pays dans le chaos, l’UDPS ira au dialogue parce que telle est la décision de son Président, une position partagée par toute la communauté internationale » avait déclaré à la presse son ancien secrétaire général Bruno Mavungu.
Soupçonnant Kabila de vouloir rester au pouvoir aux termes de son mandat présidentiel qui expire en décembre 2016, la dynamique de l’opposition congolaise, une plateforme regroupant plusieurs partis politiques, veut faire échec au dialogue politique initié par ce dernier sous l’égide des nations-unies et de l’union africaine. « elle dit non au dialogue et rejette Edem Kodjo comme facilitateur de ce forum national qu’elle considère comme une voie par laquelle Joseph Kabila et sa famille politique voudraient rempiler en obtenant la glissement du processus électoral au-delà de 2016 », rapporte l’article du potentiel  cité par le site 7sur7.cd.
« La majorité présidentielle, une fois de plus, sans se lasser, en appelle à la conscience républicaine et démocratique de chacun pour participer au dialogue afin d’écarter le spectre des violences », a déclaré le porte-parole de la majorité présidentielle Mr Alain André Atundu. Une déclaration qui montre toute la volonté et la satisfaction du camp présidentiel à la tenue de ce dialogue.

Récusation d’Edem Kodjo

Le 27 juillet 2016, le facilitateur du dialogue politique entre les politiques congolais sera récusé par le rassemblement des opposants que préside Etienne Tshisekedi. « Il lui est reproché notamment de n’avoir pas respecté le consensus sur le groupe international de soutien au facilitateur, qui devrait se transformer en groupe de facilitation du dialogue », comme le rapporte l’article de Radio Okapi. Surtout, il lui est reproché d’avoir fixé unilatéralement la date du début des travaux préparatoires dudit dialogue pour le 30 juillet alors que le rassemblement de l’opposition ne veut pas entendre parler des travaux préparatoires selon les modalités fixées par Kabila. Et aussi la non-libération de personnalités politiques qu’il considère comme des prisonniers politiques.
 « Parce qu’aujourd’hui Kodjo a donné toutes les preuves de son appartenance à la Majorité présidentielle. Nous l’avons vu  co-animer une conférence de presse avec le ministre de la justice. Nous l’avons vu être le seul à se féliciter de la libération des prisonniers déjà libérés il y a quelques mois. Cela veut dire que quelque part Kodjo se substitue à Minaku,  à Mova ou Shadari. C’est un peu la casquette que Kodjo a pris aujourd’hui. C’est pour ça que je le trouve infréquentable comme facilitateur, comme arbitre.  C’est aussi pour ça que je dis que la posture qu’il prend à s’afficher avec la Majorité le rend plus complicateur que facilitateur du dialogue » a dit le député de l’opposition Claudel André Lubaya qui repondait à une interview au site actualités.cd.

Des travaux préparatoires du dialogue par Kodjo

Mardi 23 aout, malgré les déconvenues et les incertitudes, le facilitateur du dialogue politique congolais lance les travaux préparatoires de ces assises à l’Hôtel Béatrice à la gare centrale à Kinshasa. Dans son discours d’ouverture, Edem Kodjo en appelle à la conscience des acteurs politiques du Congo Kinshasa sur les enjeux importants de l’heure. « Nous ne sommes pas ici,  pour trahir le Congo et encore moins,  l’Afrique,  notre mère. Nous sommes ici,  pour bâtir l’avenir, pour construire un vivre-ensemble sans cesse renouvelé, dans la foi, la justice, la solidarité et l’amour de la Patrie », a-t-il  déclaré. Le même mardi a été une journée décrétée « ville morte »par l’opposition congolaise. Dans la salle de travaux, la première protestation émane de la société civile qui conteste ses propres délégués.  «Je suis Joseph Zagabe de la société civile par excellence. On ne peut pas comprendre qu’Edem Kodjo se permette de prendre la liste qui n’est pas celle connue par notre président », arguait un des frondeurs de la société civile.
« L’Opposition républicaine n’est absolument pas représentée aux travaux préparatoires du dialogue», a affirmé à Jeune Afrique Franck Mwe Di Malila, proche du président du Sénat Kengo Wa Dondo et vice-ministre en charge de la coopération internationale et de l’intégration régionale. « Nous avons fait connaître notre position lors du meeting du 14 août à Kinshasa : nous ne sommes favorables à un dialogue que si ce dernier est inclusif. Autrement dit, les pourparlers doivent inclure à la fois l’UDPS, le G7 et le MLC » rapporte un article de Radio Okapi. C’est donc dans un contexte cacophonique que débutent les travaux préparatoires dont Kodjo  préside à la facilitation.

Imbroglio à venir


Kodjo vient d’initier une étape qui semble avoir compliqué l’équation plus qu’elle ne cherche à la résoudre. Tshisekedi l’avait désavoué. La dynamique de l’opposition de Freddy Matungulu aussi. Voilà qu’à l’ouverture bon gré mal gré de ce forum, la société civile s’insurge contre le noyautage de ces membres de la liste de ses membres désignés. Une mauvaise situation qui ne fera qu’accroitre les suspicions déjà nombreuses contre la facilitation contestée de Kodjo et précariser un dialogue décrié par les uns et applaudi par les autres. Dans l’entretemps, le temps s’écoule et le mandat de Joseph s’effiloche petit à petit. L’opposition par la bouche de Tshisekedi avait averti dans son meeting au stade Tata Raphaël que « le préavis du chef de l’état actuel expire le 16 décembre 2016 », avec cette confusion autour de la facilitation et l’approche de la date échue du mandat présidentiel, il y a fortement à craindre que le pays connaisse une période de triste instabilité. En dernière minute, Kengo rallie les travaux présidés par Kodjo dont la fin a été sanctionnée par une feuille de route qui fixe les objectifs du dialogue.

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