Le spectacle macabre culmine dans les faubourgs de l’Est de la république démocratique du Congo
Le
spectacle macabre culmine dans les faubourgs de l’Est de la république
démocratique du Congo
À Beni, des
morts de trop qui suscitent de la réprobation quasi générale
La société civile de la ville de
Béni au Nord-Est ne cesse de compter ses morts : ces assassinats perpétrés
aux yeux et à la barbe de l’armée, de la police et des forces des nations unies
depuis le début de l’année 2014. Lors de la visite récente du chef de l’état
Joseph Kabila le 3 août 2016, elle a exprimé son mécontentement. «Au cours de
notre entretien, nous sommes revenus sur la lettre ouverte que les
coordinations du Grand-Nord avaient adressé au chef de l’Etat et c’était
surtout par rapport à la situation sécuritaire. Lorsqu’il était ici au mois de
décembre 2015, il avait promis que la sécurité va se rétablir, qu’il va
assister les déplacés mais jusqu’à présent ces choses ne sont pas encore
concrètes. Nous lui avons dit clairement que nous sommes fatigués par des
promesses (…) nous lui avons dit que nous ne voudrions pas encore voir l’armée
ougandaise venir appuyer les FARDC. Nous lui avons signifié aussi de relever
les troupes issues des groupes armés notamment du CNDP », a dit Kizito Bin Hangi cité par
actualite.cd
Quelques jours après sa visite pendant qu’il était encore dans la région, des gens sont massacrés à Rwagoma
dans les environs de Beni. Dans une dépêche du figaro.fr, le maire de Beni
Edmond Masumbuko parlait de 41 morts, le président de la société civile de Beni
évoquait 46 morts et 34 maisons brulées.
Mais le bilan macabre final est de 51 personnes tuées à l’arme blanche.
Le
gouvernement de la république brandit la piste des islamistes comme la
principale cause des attentats
Une réunion du conseil national
de défense s’est tenue à Goma sous la houlette du chef de l’état. La situation
d’insécurité récurrente en a été l’objet.
Sur injonction du chef de l’état, le premier ministre Matata et le
ministre de l’intérieur Evariste Boshab vont immédiatement se rendre à Beni
après cette réunion. Malheureusement ils seront chahutés par la population lors
de leur discours public. Dans la foulée de ce désaveu, Matata Ponyo n’a pas répondu.
Mais, il a dit aux journalistes qu’il comprenait ces actes non pas comme un rejet
de la politique gouvernementale, plutôt comme « une réaction
d’émotion. » ; pour la population de Beni, le gouvernement doit
démissionner. « La situation de Beni est consécutif à un cas de
terrorisme » a dit le premier ministre sur Radio Okapi, ajoutant qu’il
faut des modes opératoires exceptionnels, parce que ce n’est pas une guerre
étudiée dans les académies militaires.
Selon un député national, élu de
la circonscription de Lubero, une zone en plein dans le tumulte et les
massacres, il faut une évaluation globale du dispositif sécuritaire dans la
région. « Il est temps de passer aux actions concrètes pour endiguer ce
climat de terreur imposé par les ADF-NALU»
Sur recommandation de la
population, il demande aux autorités du pays de permuter les chefs de services de
sécurité, dont la majorité est composée des militaires originaires de la
région, vers d’autres provinces.
Quant à Joseph Kabila, il évoque
la piste islamiste de tous ces massacres. « Ce qui se passe à Beni est une
menace islamiste des terroristes qui viennent de partout.. », il déplore
aussi l’inaction de la conférence internationale sur la région des grands lacs,
où il dit avoir lancé plusieurs fois un cri d’alarme. Kabila a dit aux
journalistes qu’ils l’ont accompagné dans sa tournée à l’Est du Congo que ces
attaques ne sont si différentes de celles qui sévissent au Mali, au Cameroun,
au Nigeria et même en Belgique. Un communiqué du gouvernement congolais abonde
dans la même logique d’attentats islamistes.
Contacté par la radio Top Congo
FM, le général Richard Kasinga, porte-parole de l’armée, a confirmé la thèse
islamiste. « Quand nous avons détruit le sanctuaire de Mwalika ainsi que
les habitations souterraines. Ils se sont dirigés en colonne vers Rwagoma et là
ils ont tué à l’arme blanche environ une trentaine de personnes. D’ailleurs,
dit-il, des preuves ont été trouvées de la présence des somaliens et érythréens
radicalisés.
La solidarité nationale et internationale devant la taille des
crimes.
Devant l’ampleur de massacres qui
perdurent depuis le début de l’année 2014 ; le gouvernement congolais
décrète trois jours de deuil national du 15 août au 17. Surtout avec le
massacre de 51 personnes dans la nuit du 15 aout au 16 aout. Les activistes de
la lucha depuis leur prison ont témoigné de leur solidarité à travers une
photo qu’ils ont partagée sur leur compte twitter avec un morceau de
carton où il était écrit : « Stop au massacre des civils à
Beni. » et aussi plusieurs personnalités de la scène publique congolaise
ont compati avec les habitants de Beni. Les activistes de la lucha organisent
aussi une veillée mortuaire à Kinshasa d’après le communiqué de presse que
mentionne le site d’informations continues de politico.cd.
À l’ONU, les mots de colère n’ont
pas manqué. « Le Secrétaire général condamne dans les termes les plus forts
cette attaque dans le territoire de Beni où, depuis octobre 2014, des centaines
de civils ont été tués par des membres présumés des ADF », a dit son
porte-parole dans une déclaration à la presse publiée lundi soir. «Ces
massacres se perpétuent “dans un silence honteux sans même attirer notre
attention. Ces populations font partie de celles qui n’ont pas les moyens
d’attirer l’attention de l’opinion publique mondiale» a déclaré le pape lors de
la prière de l’Angélus, le lundi de l’assomption comme rapporté dans le site
politico.cd.
Quant aux Etats-Unis, ils ont
présenté les condoléances aux familles congolaises dans un communiqué, mais aussi promettent de travailler avec tous
les acteurs engagés à l’est de la RDC pour éradiquer le cycle de violence.
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