LE CANTON DE VAUD S’EN PREND AU CŒUR DU COLLECTIF R


Le 28 aout dernier, le collectif R qui protège les migrants en Suisse, dans le canton de Vaud, contre le renvoi Dublin organisait une course caritative dans le complexe sportif de Dorigny dans l'enceinte de l'université de Lausanne. Sous le soleil ardent de ce dimanche, les membres du collectif et les migrants ont couru, transpiré dans une ambiance de convivialité, de gaieté et de fraternité. Quand la manifestation prend fin, le retour s’organise selon les us et coutumes du collectif, qui veulent que les migrants soient accompagnés par les membres pour leur sécurité. Malheureusement, malgré les précautions prises, un incident s’est produit : « C'était une belle journée, mais la réalité nous a rattrapé. Une journée de partage et d'égalité, avec des vieux amis, avec de nouveaux amis. Mohammed, on l'a rencontré ce matin. Il fait partie des nouveaux amis. On a parlé on a travaillé. On a collé des affiches on a ri. On a rangé nettoyé et chargé les voitures. On s'est dit au revoir, à la prochaine. En montant dans le métro on l'a aperçu: il était monté un arrêt avant nous. On s'est approché de lui mais moins vite que les deux flics en civil qu'on n'avait même pas remarqué. Eux ils l'attendaient, en 10 secondes ils l'ont repéré et emmené. Les portes se sont fermées et le métro est parti sans nous laisser le temps de réagir.
Sentiment d'impuissance, sentiment de dégoût. Quel crime a-t-il commis si ce n'est celui de se trouver dans une Suisse qui ne veut pas de lui? Combien d'amis, d'amours, de proches verrons-nous ainsi maltraités, rejetés, discriminés? Ne pas baisser les bras, se battre pour l'égalité et l'internationalisme, c'était écrit sur notre banderole aujourd'hui. Mais c'est dur et nos cœurs se brisent chaque jour un peu plus face à cette violence incompréhensible. C'était une belle journée, mais la réalité nous a rattrapé » a témoigné Amanda Loset, secrétaire générale/secrétaire politique de Solidarité sans frontières.






Un traquenard presque tendu par la police lausannoise aux deux habitants du refuge mon gré dénonce le collectif R à l'issue de leur manifestation du 29 août dans la soirée sur la place de l'Europe. « Nous dénonçons ces arrestations ciblées et sournoises qui visent deux personnes en danger dans leur pays. Nous sommes extrêmement inquiets pour eux et craignons pour leur vie en cas de renvoi. Nous dénonçons également ces arrestations qui représentent clairement une attaque des autorités vaudoise, du SPOP et de la police qui s'en prennent au Collectif R et au refuge » a fustigé le communiqué du collectif R publié ce lundi 29 août.

 Les deux refugiés ont été déférés dès lundi devant le juge de paix. Mohammed a été placé en détention administrative à Frambois dans le canton de Genève, et Abozar a été assigné à résidence au sleep-in de Morges. Déjà la semaine passée, le refuge mon gré qui héberge les protégés du collectif R fut l’objet d’une visite policière impromptue : un monsieur en civil se prétendant de la police est venu dans le bâtiment. Il y a eu aussi l’arrestation à proximité du refuge de Ruhallah, dont la libération a été rapide.

« Au-delà de la libération immédiate de Mohamed et Abozar, nous appelons également les autorités vaudoises à mettre un terme aux intimidations à l’encontre du Refuge, de ses habitants, et du Collectif R, et à mettre en œuvre une véritable politique d’accueil » conclu le communiqué du collectif signé par Pierre Kolher et Charles Vuilleumier.

Des actions de contestation civile sont prévues à travers la ville pour manifester tout le mécontentement que le collectif R éprouve devant la nouvelle tactique des autorités vaudoises pour brocarder l’efficacité de son action, dont le bénéfice est de plus d’une centaine de personnes ayant échappé au renvoi Dublin, qui ont vu leur procédure d’asile ouverte en Suisse.


Alain Tito Mabiala

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