Le rêve fou de l'homme qui voulait palper l'horizon

Je m'éloignais de la cité avec entrain, la certitude de l'objectif avait ceint le cœur haletant. Que des toitures m'apparaissaient lointaines et minuscules. Je m’enfonçais donc dans la profondeur de mon illusion que je viabilisais. Mes yeux visualisaient la ligne où le baiser ininterrompu du sol et de la terre était visible, comme l'ultime escale, avant d'embrasser avec empressement cette vastitude conquise constituant l'horizon de mes fines mains d'humain prétentieux.
Mon regard perdu dans le ciel s’émerveillait alors de la discontinuité de ce bleu coloriant, un charme inaltérable depuis la nuit des temps, ayant enthousiasmé d'autres cœurs sensibles avant le mien. Alors je laissais l'extase du succès à venir me soupirer des palabres muettes dans le fond de mon âme réjouie, fascinant l'ensemble de mes sens dans l'incontinence de leur essence : un ravissement démentiel.
Je sentais combien la solitude devant le destin avait décuplé mes forces, infusant cette intensité pleine à l'ensemble de mes membres. La magie de l'émulation fonctionnait à merveille, mon corps en était la preuve patente. Immunisé face à l'immensité des obstacles à franchir, mes efforts devenaient fluides dans la réalisation de mon but. Je rêvais de remplir mes lendemains des empreintes de mes prouesses.