Le Katanga immolé depuis l'accession de Kabila au pouvoir...

Des années de vacuité pour installer le bazar congolais

En quinze ans de pouvoir illégitime que recouvraient d’une laque de licéité ces élections traficotées par la main qui la sponsorisait – la communauté internationale dont les yeux ont été braqués au Congo depuis la conférence de Berlin, le pays connait une machination sournoise de sa désintégration politique et économique au profit de l’économie internationale par la promulgation d’un code minier et forestier permettant une meilleure implication des entités privées dans l’exploitation et la commercialisation des minerais et du bois congolais, un processus de privatisation. Dans son livre intitulé la grande désillusion publié en 2001, le prix Nobel d’économie Joseph Stigliz disait de la privatisation qu’elle est un processus de mise sous-tutelle des économies entre les mains des financiers internationaux promu par la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International. C’est depuis 2001 que grâce à ces institutions que le pays s’est doté d’un code minier et forestier. Plusieurs entreprises prendront part à cette aventure dans le Congo que Joseph Kabila offrait comme un cadeau sur le plateau de la mondialisation. La province du Katanga, dont les multiples mines étaient presqu’à l’arrêt à cause de la vétusté du matériel d’exploitation et de la mauvaise gestion de la grande entreprise Gécamines qui a été héritière de toutes les infrastructures de l’Union Minière du Haut Katanga, verra un déferlement d’entrepreneurs pour revigorer l’activité minière par des accords de joint-venture signés avec le gouvernement congolais.

Le Katanga immolé par les années de cupidité de Kabila, aidé par son baron à la kippa

  
En 2000, frappé d’embargo sur l’achat d’armes, le gouvernement congolais est acculé par une rébellion qui a pris presque toutes les grandes villes de l’Est du pays, il se tourne alors vers un homme qui connait les arcanes d’une économie en temps de guerre, ayant de l’expérience des conflits africains en la personne de Dan Gertler qui a une longue expérience de commerçant à la fois d’armes et de diamants puis qu’il a séjourné longtemps au Libéria et en Angola pendant ces deux pays étaient en pleine guerre civile. Quand Laurent-Désiré Kabila est assassiné, il entreprend un rapprochement entre Washington et le nouveau président qui remplace par un décret verbal d’atavisme qu’ont promulgué les compagnons de son père. Avec Kabila fils, il renégocie son accord d’exclusivité de vente de diamants, mais se voit ouvrir les opportunités minières immenses de la province du Katanga. Dès ce début, l’homme est accusé de roublardise et d’opacité dans ses transactions minières au Congo. Un article de Jeune Afrique posait un peu toute la passivité et la complicité dans la nébuleuse prospérité de l’homme d’affaires israélien des autorités congolaises : « À cause de l’opacité entourant le rachat par une de ses sociétés du projet de cuivre Comide (au Katanga), l’institution de Bretton Woods a décidé d’interrompre son programme de prêts à Kinshasa. Jusqu’à présent, ni les explications données en mars et avril par le Premier ministre, Augustin Matata Ponyo, ni celles du président de la compagnie minière publique Gécamines, Albert Yuma Mulimbi, n’ont convaincu le FMI de la pertinence économique de cette transaction.1 »
Proche de Katumba Mwanke qui était l’éminence grise de Joseph Kabila, Gertler a su tirer son épingle du marigot chaotique qui émergeait de la libéralisation proposée par la loi minière promulguée en 2001 bien avant l’accord qui a mis fin à la guerre civile en 2003, il a été l’homme par lequel le permis d’exploitation de First Quantum Mineral avait été vendu aux Kazakhs par le biais de sa société écran basée aux iles vierges britanniques2.
Gertler acquiert des droits d’exploitation pétrolière en 2006 pour les blocs découverts dans la partie Est de la République Démocratique du Congo autour du lac Albert, sauf que comme toujours ces acquisitions pleine d’opacité suscitent des questions, à ce propos dans Jeune Afrique du 14 aout, il est dit : « Le groupe Fleurette de Dan Gertler détient Oil of DR Congo via Foxhelp et Caprikat, deux sociétés basées dans le paradis fiscal des Iles vierges britanniques. La manière dont ces sociétés ont obtenu les licences d’exploration reste encore obscure. L’homme d’affaires israélien n’a ni les moyens financiers ni l’expertise technique requise pour développer un projet d’une telle envergure. Et sa réputation pourrait lui compliquer la tâche dans sa quête de partenaires indispensables à la mise en valeur de ces réserves.3 »
En 2011, à la veille des élections présidentielles, les entreprises de Dan Gertler vont acquérir plusieurs mines congolaises sans que l’état qui était le propriétaire ne puisse faire une déclaration de transparence quant à la vente de ce patrimoine, nulle part d’appel d’offres n’avait été, subitement surgissait un fait à travers lequel le constat était que Gertler devenait le roi des mines au Congo, d’ailleurs son concurrent, le belge Forrest, qui s’est senti malmener dans son domaine avait en son temps demandé à ce que soient publiés les noms des entreprises offshore qui opéraient au Congo pour mettre à nu toutes les frauduleuses acquisitions pour éviter les survenues des conflits d’intérêts4, surtout pour démonter l’incidence politique des dirigeants dans toutes les décisions relatives  à l’économie du secteur minier.
Dans un pays en mal d’argent pour organiser les élections, qui ne cesse de chanter à travers ses dirigeants de la nécessité de maximiser les recettes de l’état, une rengaine qui revient à tous les discours politiques quand il s’agit d’une adresse au peuple, il est révélé qu’une étrange transaction a été faite dans le silence total des autorités au profit de l’homme d’affaires israélien Dan Gertler proche de Joseph Kabila, alors que cet argent aurait dû revenir à l’état congolais par le biais de la Gécamines qui est l’entreprise d’état, propriétaire des différentes mines du pays, le montant s’élevait à 880 millions de dollars5.
Pour les scéptiques qui se bandent encore les yeux pour ne pas voir combien ce duo Kabila et Gertler détruisent la province du Katanga, il y a ce bel extrait de l'article du journal Le monde: "Le nom de Dan Gertler est apparu sur des comptes en Suisse chez HBSC. Les domiciliations exotiques de ses sociétés, elles, lui permettent de ne payer qu’un minimum de taxes en République démocratique du Congo, où les experts estiment que l’homme d’affaires israélien a fait perdre des milliards de dollars de revenus à l’Etat. En 2014, il a revendu au gouvernement les droits pétroliers détenus à travers une obscure société offshore, Nessergy, trois cent fois plus cher que leur prix d’achat.
« Dan Gertler fait partie des gens qui paralysent l’économie congolaise », constate un diplomate occidental à Kinshasa. « Les autorités congolaises n’ont pas la capacité d’enquêter sur les circuits financiers offshore, déplore de son côté le député congolais Samy Badibanga. La RDC est devenue une plateforme importante de blanchiment d’argent, de fraude fiscale et d’évasion illégale de capitaux ». Une fois encore, le groupe Fleurette conteste. « Nous employons 30 000 personnes (en RDC) nous sommes la plus grande source privée de recettes fiscales pour le gouvernement congolais », martèle Pieter Deboutte, le bras-droit de Dan Gertler à Kinshasa.6"
Le Katanga n’est que pauvreté, malgré la relance des activités minières, la notoriété dont il se couvrait à l’époque de l’Union Minière n’est plus qu’un souvenir que les aînés racontent aux enfants empêtrés dans la crise socio-économique qui frappe la province et le reste du pays.
Maintenant que Samy Badibanga est premier ministre, j'espère qu'il pourra enclencher ce mécanisme de contrôle sur la transparence des transactions minières dont il avait si bien évoqué quand il était encore dans l'opposition.






    


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