Le mal, les hommes et le poète...
Dans mon silence, je perçois une
farce bien babillarde, elle transpire de délation bruyante plus ils tentent de
museler sa voix nasillarde sous le paravent d'affabilité fraternelle.
Je sais que tout n'est que
prestidigitation, tout n'est qu'une ruse pour rouler dans la farine l'esprit
qui s'interroge sur cette supercherie que lui imposent l'instant et les hommes.
Sur mon visage impassible, aucune
émotion ne transparaît, il est mat, paisible comme un sentier sinistre dans une
forêt mystérieuse et impénétrable.
Je laisse faire leurs
élucubrations jusqu'à ce qu'ils obtiennent satisfaction. Je ne fais ni preuve
de bravoure, ni de défaitisme; contempler le mal dans la splendeur de sa
laideur lorsqu'il se déploie dans la lumière des gestes pleins de courtoisie
est un spectacle hallucinant, qui vous dévoile la taille de la monstruosité que
peut pondre le cœur de l'homme.
Cependant, puisque je lis cette
hideuse toile qui pense bien se dissimuler, croyant à la pleine naïveté de
notre intelligence, me réserve l'agréable plaisir de le décrire à travers les
lettres.
Peindre ses contours infects,
sinueux et calamiteux pour que la postérité sache que les hommes peuvent être
aux antipodes de toutes les bonnes intentions qui suintent de leurs langues
bavardes.
Pendant ce temps, c’est l’apologie
de la liberté qui s’entonne, en son nom des canons grondent, des clairons
entonnent l’hymne de la justice, des chevaliers s’empoignent pour la défense de
sa cause, des scènes d’allégresse retentissent, mais le mal persiste et résiste
puisque juché dans le fond corrompu des âmes.
La liberté tant sacrée pour tout
homme n'est valable que lorsqu'elle peut aussi s'exercer pour s'opposer à la
prolifération de l'injustice gratuite sur la vie des innocents, à défaut elle
devient une complicité tacite dont se charge la conscience des hommes, si et
seulement en eux subsiste encore une graine de sensibilité.
Le destin de mon pays se porte
mal malgré tous les espoirs confessés, le monde pas mieux avec tous les maux
qui le rongent malgré la salve de discours remplis de vœux pieux.
Le poète, débout, ne fait que
constater, relater combien l'époque qui est la sienne est pleine de pensées
frelatées propices à plus d'inhumanité qu'à la pacifique cohésion entre les
hommes, même les endroits réputés sûrs sont remplis d'une insécurité
insidieuse.
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