Un dimanche chiant...

C'est un dimanche après-midi un peu foireux. Le printemps s'est attiédi, un vent frais souffle dans la ville. La rue apparaît assoiffée de ces pas multiples qui se sont déversés sur son parvis quand le soleil était réapparu dans tout son éclat. Même les chats qui sillonnent le parking en face de mon balcon ont déserté.
Frileux que je suis, je n’ose ouvrir une fenêtre, me contentant de la douce chaleur que fournissent les deux radiateurs de la maison. Je m’ennuie, l’inaction me saoule. Des livres, j’en ai lu, et ma mémoire en est saturée, les pages, j’en ai tourné tellement qu’aucune envie ne me traverse l’esprit pour en faire davantage.
Je suis épuisé, épuisé de rester sans rien faire, épuisé de me calfeutrer derrière les murs de ma petite case de béton, un ras-le-bol monte auquel je ne sais proposer qu’une seule et unique solution qui est celle d’une évasion bien que le froid plane de nouveau sur les instants printaniers qui lâchent du lest.
L’idée germe dans ma tête, l’envie croit, décuple, enfle, que le besoin devient patent, loin d’être latent, titillant cette phobie du froid qui tentait, comme dans un alerte dernier, de s’imposer à ma volonté, mais elle se sentait s’amenuisant. Son éviction proche. Je m’enfile le manteau, je sors de la maison, le pas lourd avec un ferme souhait qui ceint le corps que je propulse au-delà de l’immeuble. Je marche le regard lointain perdu dans un horizon qui me reste à découvrir, je rêve d’un paysage auprès duquel s’extirperait le malaise qui me charge, un horizon qui purgerait de ce mal-être qui m’enquiquine depuis qu’aucune ligne ne me plait à la lecture.
Alors mes pas, comme en quête d’une issue vitale, marchent, s’acharnent à la marche, le dimanche après-midi dans une ville de Lausanne qui semble assommer dans un repos intermittent après avoir vécu une fin de semaine tonitruante.
Le métro que je prends pour aller au bord du lac est bien vide, de bout en bout, ne s’y voient que quelques personnes, et de temps en temps, lors d’un stop à une station, un couple entre, avec la convivialité de sa conversation qui injecte un peu de vitalité dans cette morne atmosphère.
Quand j’arrive le long du lac, la houle souffle sur les flots qui s’abattent légers sur la berge, le grand air fredonne sa mélodie sur les lobes de mes oreilles, mes pupilles s’absorbent dans l’immense vide que je contemple sans parcimonie, tout me parait si beau et si libre que mon âme semble envoler pour palper l’essence de cette insaisissable liberté.

Bien que le temps était maussade, il était indéniable de ne pas voir ce charme insufflant un baume dans le cœur de ceux et celles dont les esprits pouvaient communiquer avec la quiétude bruyante planant au-dessus des eaux calmes du Léman.

Commentaires

Articles les plus consultés