Les diasporas africaines face au drame humanitaire de la corne de l'Afrique

En 1984, une grande famine menaçait l’Éthiopie en proie à une guerre civile, la solution pour alerter devant le poids de ce drame qui, si l'on n'y avait pas pris garde, aurait décimé de millions de vies, avait été une chanson de plusieurs célébrités américaines dans le fameux tube mondial intitulé « we are the world ». Une chanson qui avait sonné l’âge d’or de la solidarité internationale(1). Depuis cette belle initiative, chaque fois que des nécessités apparaissaient en Afrique et qu’il était difficile aux populations d’y subvenir par leurs propres moyens, cette charité occidentale s’enclenchait pour combler cette insuffisance de réactions.
S’affichant comme un continent asphyxié par la multitude de problèmes sociaux à résoudre en urgence et devant l’incapacité des gouvernements à produire des solutions, l’Afrique ne semble survivre qu’avec la magnanimité de la coopération internationale à travers la multitude d’organisations dépendant des Nations-Unies et de celles sous la houlette des grandes entités privées sans but lucratif de dimension planétaire.
Les rues de grandes villes européennes sont remplies d’affiches, qui appellent à la charité pour scolariser des enfants, apporter de l’eau potable ou des soins médicaux dans des contrées presque oubliées des autorités en Afrique profonde. Ces organismes, plongés dans cet élan humaniste, s’empressent avec une ferme volonté dans l’accomplissement d’un tant soit peu, qui changerait plus ou moins la vie dans ces zones presque à l’abandon dans ces états défaillants où se conjuguent plus les discours que les actions. Présentant au final, une Afrique qu’il faut assister ; inciter à ne pas croiser les bras devant un drame qui se joue sous nos yeux et contre lequel la myriade de petits gestes de bienfaisance peut servir de rempart.
À propos de cette bienveillance qui comble d’espoir nos populations, elle ne semble que provenir de l’Homme occidental, c’est lui plus que tout autre individu sur la terre qui se lève pour tirer la sonnette d’alarme et mobiliser les énergies pour endiguer les conséquences avant qu’elles ne fassent trop de victimes (2). Mais le paradoxe est qu’en occident, beaucoup de noirs d’Afrique y vivent et devraient se sentir tout aussi concernés par l’agitation qui se déploie pour sauver les leurs. D’ailleurs, ils devraient plus s’impliquer, malheureusement cette communauté semble bien absente, silencieuse, à la limite sourde devant ces maux qui rongent le continent pour lequel ils ne cessent de se proclamer appartenir, et cela s’apparente à une déresponsabilisation qui renforce les clichés.
Or, cette communauté peut aussi mobiliser à son tour la collecte d’aliments de base qui peuvent être utiles sur le terrain à côté de l’aide enclenchée par les organisations internationales européennes et américaines de sorte que, sur le plan de la conscience, l’assistanat perpétuel dont bénéficie l’Afrique, tel que le pensent certaines personnes, est atténué et que s’ouvre une période de synergie collective lorsqu’il faudrait résorber de crise humanitaire sur le continent. À travers cette implication, nous bâtirons les socles du patriotisme africain.
Aujourd’hui, on parle de vingt millions de personnes menacées de famine dans la corne de l’Afrique (3), l’impression que donnent les diasporas africaines d’Europe et d’Amérique apparaît comme une criante indifférence alors que le drame est décrié dans tous les grands médias auxquels nous avons accès. Si nous pouvons chacun apporter ne fût-ce-que cinq kilos de riz par individu vivant en Amérique ou en Europe, il est possible de constituer un colis de milliers de tonnes que nous pouvons confier à un organisme auprès de qui nous solliciterons les facilités de transport. Ce qui n’est pas impossible.



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