En fin de journée dans le métro...
Sa silhouette replète s’enfonçait dans l’obscurité de la nuit jusqu’à disparaître complètement. La rue très mal éclairée l’avait avalé dans son tracé
sinistre, mes yeux n’apercevaient plus que cette poubelle éventrée dont les
détritus seront un sale quart d’heure pour les éboueurs du lendemain matin. Les
stigmates de l’incident d’avec la fille du matin à la bibliothèque avaient tout
inhibé dans les dédales de mon inspiration. Un peu déçu de ne pas avoir été à
la hauteur de mes capacités en cette fin de journée, je descendais comme vaincu
pour prendre calmement le métro, ne pensant plus à quelque initiative possible
si ce n’était qu’à mon lit miaulant des
borborygmes dès que je poserais mon maigre poids sur ce matelas, où je ne
montais qu’après avoir étalé le thorax, me recevant avec ses
borborygmes de ses ressorts incrustés. Je rêvais de mon piètre sommeil, de cet
instant de paix précaire sous le béton en dessous de la terre de ce terrain de
football au fond d’une école primaire à Préverenges. J’y soupirais avec
l’impatience d’un enfant à quelques secondes de sa première communion. Assis
sur l’un des derniers sièges de la rame, je somnolais malgré que des voix aiguës retentissent entremêlées au crissement des roues sur le rail. Des jeunes
gens se taquinaient avec désinvolture de gestes et de mots. Tout et, alors rien
ne manquait de sortir de leurs bouches. Ils riaient à tue têtes de toutes les
grossièretés que lâchaient leurs langues de vipère au point d’embarrasser
certaines personnes qui choisirent de changer de place. Un moment de répit de
ce qui se passait dans le présent m’ouvrit le sentier d’un assoupissement
profond. Si profond que j’entamais un songe dans lequel j’assistais à un
concert foireux de musiciens à la voix éreintée et à la mine dépenaillée.
D’ailleurs la guitare grilla dans un court-circuit qui fit sauter les fusibles
et la salle tombait subitement dans le noir absolu. Une confusion totale
commençait à s’installer quand s’entendit des a capella venant de l’arrière
salle. Puis une brusque secousse me réveillait avec mon sac que lâchaient déjà
mes mains imprudentes. Vite je l’attrapais avant l’impact sur le pavé. Un rire
fou s’éleva du côté de cette jeunesse débridée, et l’un d’eux entonnait alors une
drôle de chanson dont le refrain repris par tous se terminait par « si,
si, si »
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