Je conterais le quartier...
Petit à petit, mon écran se
comblait de lettres interminables. Une joie balayait l’incertitude qui rongeait
ma vocation de relater et ma pérégrination dans les dédales de l’alphabet français. Je venais
de commencer une histoire, au hasard, guidé par le plaisir de conter avec
légèreté, en y mettant une bonne dose de poésie, la vie dans mon quartier sur
les hauteurs de Lausanne. Ce paisible coin où s’élevaient des bâtisses de béton
sorties de la terre, logeant de milliers d’individus et des trajectoires de vie.
Chacun dans sa petite case de briques encastrée dans l’édifice mère figé
regardant avec impertinence un ciel qu’il défiera jusqu’à ce que les hommes
décident de sa mise à mort par démolition. Comme en incubation dans une matrice,
les hommes naissaient et croissaient dans ce dispositif des temps modernes
ayant vu naître toutes les deux sciences que sont l’architecture et
l’urbanisation, plus leurs succédanées. Avec des quartiers tels dans des
contingentements. J’avais donc décidé de raconter les va et vient de mes
voisins sans leur consentement : un privilège que se tapaient les hommes
de lettres en toute impunité de quelque forme de réprobation morale, au
contraire c’était un acte applaudi, apprécié tant qu’il ne froissait pas les
mœurs et n’esquintait pas le prestige et la dignité des uns et des autres, mais
aussi, tant que l’anonymat serait garanti aux protagonistes.
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