Halo sur l’immigration au théâtre de Vidy
Des images qui parlent d'elles mêmes du drame que vivent les immigrés dans le confort suisse, cette précarité sous-jacente qu'ils subissent pendant qu'un certain discours les présente comme des profiteurs
Sur des grilles métalliques pendent des photos grandeur
nature d’une Suisse luxuriante avec ces paysages montagneux couverts de
végétation. Dans le même paysage se rencontrent des visages hagards, remplis
d’un désespoir qui ne savent à quel saint le vouer sur cette terre d’accueil où
ils espéraient changer le sort de leurs destins menacés chez eux. Des images
qui montrent la subtile violence de l’accueil des migrants dans un territoire
chanté dans le monde entier pour sa prospérité et sa démocratie exemplaire. La
lumière sur cette iniquité subtile est
implantée devant l’entrée principale du théâtre de Vidy. C’est une exposition
photos dont le vernissage a eu lieu le 14 septembre. Christian Lutz qui en est
l’auteur pense que c’est une appropriation,
loin d’être un ras le bol, de la problématique migratoire. Il est
content qu’il existe des espaces où il est possible de faire des piqûres de
rappel à la communauté quand la routine de l’existence et de la survie
occultent les injustices perpétrées sur d’autres êtres humains. Dans son
travail de photographe, il ne s’empêche pas de réfléchir sur
l’instrumentalisation de la question de l’identité nationale sur la problématique
de l’immigration. « De manière générale, ce que je sais, plus de temps passe,
plus les choses s’installent et moins le scandale existe. Il y a une forme de
repli sur soi même, un ultra conservatisme face à la problématique migratoire.
Cela fait que les choses s’incrustent.
C’est comme tous les éclats de l’actualité, comme tous les conflits en
Afrique ou ailleurs, on passe d’un feuilleton à un autre. L’année passée, on a
parlé de la crise migratoire, je n’aime pas trop ce mot, on est autant en crise
cette année mais on en parle moins. Les choses prennent les plis, s’installent
et ça m’inquiète énormément » confie Christian Lutz de la démarche qui est la
sienne.
Le théâtre pour que la vérité éclate au grand jour
Pour Vincent Baudriller, directeur du théâtre de Vidy : « Il s’agit d’un
travail commandé par le théâtre de Vidy à Christian Lutz parce qu’il a un
regard en colère sur l’état du monde, en même temps avec beaucoup d’humanité.
Il a pu mettre en tension dans ses photos la situation des requérants d’asile
qui arrivent en Suisse et le confort suisse, mais aussi les tentatives de
préservation de ce confort presqu’au détriment de ceux qui viennent ici pour
conquérir une nouvelle vie. »
« Cette problématique des réfugiés qu’exploite son
institution entre dans les fonctions
basiques du théâtre interrogeant sur l’état du monde et les armatures
métalliques sur lesquelles sont posées les photos rappellent un peu la question
des frontières. L’exposition se dénomme « No Man’s Land », l’entrée y est libre
» nous a confié Vincent. L’exposition dure plus de deux semaines du 14
septembre au 03 octobre.
« Cette exposition nous met en face d’un drame qu’on ne sait
pas trop voir parce que plongé dans notre propre existence, que nous oublions
la précarité que vivent les migrants chez nous. Le contraste de vie en face de
nos petites existences dont nous souhaitons garder le confort » m’a dit un visiteur
qui a préféré garder son anonymat.
Commentaires
Enregistrer un commentaire