Souvenir d'une chanson dans le froid de la nuit...

Le ciel en hiver s’obscurcit vite dès les premières heures de la soirée. En descendant les marches de l’escalier, je ne pouvais m’éviter la fumée abondante des jouvencelles qui m’ont précédé à la sortie. Chacune sa clope entre les doigts, presque grelottantes, tentant de  couvrir complètement des maigrichons corps qui l’étaient déjà assez en ajustant de temps à autre leurs vêtements. Elles fumaient avec amour passionné les cigarettes avec des palabres assez volubiles. Derrière ce groupe, je marchais vers le quartier du Flon pour prendre le métro et aller à l’école polytechnique et fédérale de Lausanne, d’où je prendrai le bus pour Préverenges. 
Dès que je me retrouvai seul dans la rue, une chanson me traversa l’esprit, une vieille chanson que chantait une de mes tantes quand elle venait assurer la garde des enfants de sa sœur que nous étions. Des petits chenapans à qui elle ne cessait de pincer les oreilles afin de nous discipliner. Des fois exagérant ces punitions pour se venger des caprices dont nous faisions preuve devant nos parents. Je tentais de reproduire ce beau tempo que j’entendais d’elle. 
Au milieu de cette rue déserte dans le Lausanne de la nuit, j’entonnais mon lingala natal avec une petite pointe de nostalgie du pays de mes aïeux. Tendre pays que j’étais obligé de quitter malgré moi. La mélancolie me ceignait le cœur, je fredonnais avec amertume cette chanson qui me rappelait aussi mon enfance. Celle d’avec mes petits frères désormais loin de moi. 
Quand je me tus après que je fus rempli de tristesse et du mal du pays dans ce froid helvétique, une voix retentit du néant, se plaignant que j’eusse eu arrêté de chanter. Une surprise qui me détachait avec rapidité de l’instant amer que je vivais. 

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