Escapade dans Le Rio (SOLILOQUE 57)...

Dans la lumière têtue du Rio, je pédalais comme cherchant à gagner une course. Comme absorbé à triompher dans une compétition. Absorbé par une obsession de gagner d’où me viendrait une consolation sous l’ovation tonitruante du vent molestant les feuillages des arbres dans l’euphorie de son allégresse.
 Je saignais du cœur et de manière abondante. Une hémorragie sans remède triturant avec emphase l’être que j’étais devenu. Alors je massacrais les pédales de mon vélo comme si je voulais passer en supersonique, mais hélas, sous mes yeux ne défilait qu’à un rythme monotone le mur de béton le long du Rio envahi par cette verdure avec qui il formait un beau couple.
Un beau couple qui se comprenait. J’enviais cette entente paraissant silencieuse, immuable, publique et discrète que nous voyons tous les jours sans vraiment prêter attention à l’essence qui s’en dégageait. Une instance remplie de paix sans farfelues, ni fioritures, juste un couple en amour stable d’un mur en béton et d’une plante rampante affalée sur sa poitrine.
Une idylle parfaite dont j’ignorais la formule, mais que je pouvais percevoir dans le silence à la fois du temps et de l’âme dans la lecture aveugle au delà de ce que les yeux ne savaient voir.
Alors dans la nuit fraiche de Valence, en plein dans le Rio désert de monde, j’arrêtais mon vélo pour contempler le couple magnifique bordant ce canal jardin traversant la ville de bout en bout.
Ce mur de béton, virile et robuste avec son amante, frêle et élégante, cette verdure serpentant avec douceur sa surface redondante des muscles.
Figé, je suis resté un moment, puis quelques minutes après, j’avais l’impression de me vider de ma peine, l’abcès semblait avoir été crevé. Un soulagement m’était infusé à compte gouttes jusqu’à un apaisement assez, au delà du tourment qui m’assiégeait

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