Souffrir et mourir afin que l’être soit libre...

Je me tais, mes pas s'alignent les uns et les autres dans la profondeur de cette solitude qui me désole, dans la complétude de mon désarroi, qui depuis intronisé comme roi dans l'affliction dont est revêtu mon esprit, je bois la tasse chaude de la résistance, il me faut serrer les dents, mordre la douleur afin qu'aucune murmure de ses effets ne puisse être entendue, je me dois de me contenir, contenir les souffles puissants de ma peine sans cesse décuplant afin qu'ils se dissipent dans les abysses de ce silence que je m'impose, dans ce silence qui absorbe toute la teneur de ces maux qui déchirent ma paix comme une tranche paisible de viande fendue par un épée.
Je me tais, dans le ridicule que les circonstances me font porter, je me tais et refuse de me plaindre bien que sentant s'épaissir la taille de la blessure, mes dents s'imbriquent encore plus les unes dans les autres, l'émail crisse, bruit, couine, mais rien n'anesthésie dans ma chair le feu dévorant que les entailles construisent pour qu'existe cette horrible souffrance que j'endure avec mes lèvres bien fermées l'une sur l'autre pour qu'aucun son ne soit entendu.
Au contraire, à part emboîter mes dents les unes dans les autres, mon visage se revêt d'une tranquillité monastique, mon visage s'inscrit dans une prière qui transporte l’âme et l'esprit au-delà de ce que la chair peut sentir; je souris à l'inattention, mon inattention, car les intuitions sont vraies et véridiques, jusqu'à ce que le destin ne me prouve à mes dépens, au grand dam de mes espoirs téméraires, jusqu'à ce que la désillusion ne soit aussi perceptible que le soleil brûlant de midi dans le brouhaha du grand marché de Kinshasa.
Je me tais, et je refuse de paraître comme un paria dont les maux qui le rongent font qu'il vive une averse de compassion, de sympathie et de solidarité; la pitié j'en ai cure, je ne suis pas non plus un dur à cuire, je me soûle de mes maux jusqu'à l’ébriété, lorsque le summum est atteint, alors éclot une effervescence inconsciente dans laquelle les geignements que contenaient mes mandibules s'absolvent dans un rire béant et mirifique qui me plonge dans l’irrationalité d'un triomphe dans lequel mon corps ne cesse de subir les assauts d'un mal qui risque si je n'y prends garde de le terrasser.
La souffrance, certes qu'elle existe, elle est en hypertension d'ailleurs, mais déjà, l'esprit libre s'envole, transcende tout ce qui est matériel, le corps presqu'en abandon est à la merci de ces maux en démultiplication, il est conquis jusqu'à s'engloutir dans le tourbillon où se conjuguent à la fois la déchéance, la désinence du substrat dans lequel se meut cette combustion des maux que l’être possessif du charnel  rêvait de contrecarrer en faisant de la résilience, mais maintenant il laisse faire, se contente de laisser que tout se désagrège afin que la pleine liberté, celle de son esprit, lui soit acquise.
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