Une épine qui infecte l'existence...
Comme un cœur dévasté par un cyclone, j’avais tout qui s’était délabré,
désarticulé, émietté ; dans mon regard passif dans ce silence d’affliction,
où il me fallait faire preuve de bravoure, puisque j’en avais besoin pour me
reconstruire, pour élever l’étendard de l’espoir là où tout s’est effondré, je
persistais de bâtir une certaine quiétude de façade, mon esprit ingurgitait des
rasades de fiel que les circonstances lui administraient.
En moi s’étalait un vaste champ de ruines comme un terrain plein de
mines ayant presque toutes sautées, mon âme survivait remplie d’angoisse d’où
se profilait une agonie lancinante ; je sentais sans les voir des gerçures,
des blessures, des morsures, des meurtrissures que portait l’ectoplasme dans
son rêve brisé que le temps ne cessait de permettre, d’admettre sur le fil de
sa destinée, laissant ainsi la fatalité écrire des lettres funestes de ses
lendemains désirés en encre indélébile.
Je respirais l’air infect de la délation, de l’objurgation, dans ce
mutisme que mes lèvres conjuguent malgré que des mots les chatouillaient, que
des maux se décuplaient dans mes entrailles, la souffrance ciselait,
saucissonnait ce qui me restait de courage, mais sur mes jambes frêles, je devais
tenir, porter ma dignité, malgré la brutalité de l’estocade ; je me devais
sourire pour m’amnésier, m’anesthésier, soigner les entailles profondes que
porte depuis mon existence, la résilience m’était une nécessité au risque de
fondre dans les abysses ce supplice
teinté d’amabilité.
Mon équilibre survivait, tout en moi n’était plus qu’une question de
résister, de s’affirmer malgré la brusque avalanche qui tentait de m’ensevelir,
tout n’était plus qu’une question de rebâtir la complétude de l’être solitaire
que je fus et de sa pleine indépendance ; je devais lever les amarres de
la sombre côte de la désespérance où les rideaux du trépas me faisaient miroiter leur
paix imperturbable dès que je les aurai franchis.
Commentaires
Enregistrer un commentaire