Avec sa blonde...

Son pas était sûr, plus que sûr, il était hautain, décollant du sol avec une assurance outrancière et largué dans le vide presque dans une allure princière comme si marcher n’était qu’une exclusivité de ses jambes qu’il utilisait avec une extravagante grâce. 
Sa démarche était tellement élégante qu’on aurait l’impression que ces chaussures sont munies de petites roues, ses déplacements sur le parquet ne laissaient point indifférent. Ces gestes transpiraient d’élégance, sur sa main tendue s’était arrimée une belle femme, bien corpulente et rondelette
Dans une quiétude absolue, elle le suivait, se faufilait avec lui à travers la multitude de personnes qui se déhanchaient sur la piste de danse au son d’une musique tonitruante. 
Sous les lumières virevoltantes qui ciselaient l’obscurité de cette vaste pièce au sous-sol de cet immeuble, la musique retentissait avec une énergie qui secouait le ventre. À peine qu’ils avaient trouvé place sur un vaste canapé, la belle s’inclinait pour s’appuyer sur l’épaule robuste et puissante de son chevalier imbu de charisme. 
Son regard semblait filtrer tout ce qui mouvait dans l’ombre avec gravité. D’allure militaire et baraqué comme une armoire de bois noir, il ne passait que très difficilement inaperçu. L’homme transpirait de virilité, il avait l’aura presque qui brillait sur le visage d’Henry Cele dans Shaka Zulu. Son regard ne semblait être englouti par l’ambiance lascive, ni par la permissivité dont était rempli l’instant ; il était bien alerte comme aux aguets de l’imminence d’un danger. Cette attitude accentuait une attention qui ne savait être indifférente sur sa personne. 
Dans la foule qui se trémoussait , les filles avinées ne s’empêchaient de lorgner avec désinvolte passion le physique de ce mâle dominant que dégageait le type que sa copine tenait comme un trophée précieux. Même que la servante qui servait semblait assez captivée au point de laisser tomber le plateau que ses mains ne tenaient qu’avec légèreté et imprudence. 
Le sourire de l’homme paraissait narquois, hiératique, plein de malice, et ses yeux reflétaient une assurance démesurée, son plaisir se dessinait au fur et à mesure que des maladresses se multipliaient dans ses alentours. La femme non plus n’accusait aucun signe d’inquiétude, son charme demeurait solaire et elle aussi s’amusait sans discrétion ces malhabiletés. Devant ceux de sa couleur de peau, l’homme affichait une condescendance intuitive, cela lui était bien irrésistible, les fixant avec ses yeux plus qu’assurés comme pour les monopoliser leur attention – ce qui marchait. Maintenant qu’ils se regardaient, son esprit pensait lire à la fois l’admiration et la convoitise qui se tissaient dans leurs cœurs. 
Fier comme une lame de sabre japonais sortie tout droit de son forgeron, l’homme avec grâce frimait, avec la main gauche caressant sa ferme poitrine qui se dessinait sur sa chemise. La fille blonde à ses côtés ne se lassait d’accompagner les gestes de son amant avec mignardise, froissant avec ses ongles longs le fin tissu dont se couvrait son bien-aimé. Toute l’austérité grave avec laquelle il était entré s’était évanouie avec la truculente ambiance, qui régnait dans la boite de nuit. 

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