Délicat instant...
Quoiqu’elle ne bouge pas, il ne lui était pas facile de serrer la main
de la fille. Elle refusait énergiquement qu’il ne la touchât, ne fut-ce que
l’instant de l’aider à se relever. Parce que tel était son souhait muet, que
seuls ses gestes de ce refus catégorique témoignaient. Des gestes qu’elle
voulait virulents mais qui ne paraissaient qu’indolents et transmettaient toute
la quintessence de sa pensée. Ses yeux écarquillés filtraient à la fois la rage
et la peur ; ses mains se recroquevillaient, ses poings s’enroulaient
fermes et, dans la paume de mains, les ongles au bout de ses doigts grattaient
par flexion intermittente. Ce qui rougissait encore son corps couvert des
meurtrissures de on ne sait qui.
Après l’émotion, l’homme comprit qu’il fallait avertir ceux qui peuvent
être d’urgente utilité pour résoudre la situation complexe qu’il avait
découverte. Le numéro des flics sonnait…une fois…deux fois, et une voix de
femme résonnait au combiné. Une voix aimable, tendre, apaisée, qui après les
civilités, s’enquérait de la raison de l’appel. D’un ton un peu perturbé qu’il
tentait de contrôler, il décrivait la sombre scène qui chagrinait toute sa
sensibilité et, avant qu'il n'eut fini de parler, il vit la jeune femme tentant
de se mettre sur ses pieds, puis s’écroulant tellement qu’elle était faible,
qu’il se précipita pour qu’elle ne s’effondra pas complètement sur ce sol froid
et humide, ce qui sortit son interlocutrice de sa réserve, croyant vivre une
aggravation en ligne de l’incident, qu’elle insista presque trois fois avec une
question redondante sur ce qui justifiait le remue-ménage qu’elle percevait.
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