Il lui fallait partir...

Une alacrité ceignait son cœur, une admiration que ses lèvres ne sauront confesser aux pionniers, ni à leurs descendants, il avait décidé de quitter la Suisse après y avoir vécu une dizaine d’années en aide d’urgence. Depuis que sa demande d’asile avait été refusée, tous les avantages d’insertion accordés aux requérants d’asile lui ont été interdits. Rien ne lui était concédé à part manger, dormir, et des soins de santé hypothétiques. Frappé d’une mesure d’exclusion sociale, l’avenir lui était plus qu’acariâtre, le destin qu’il a voulu réécrire ici lui était devenu plus qu’aigre. 
Malgré quelques soutiens d’appoint qu’il recevait de la part de Caritas, le désespoir commençait à le gagner. Lui, qui n’avait jamais fumé de sa vie, et ce, malgré la foultitude de difficultés qu’il avait rencontrée au pays, s’était mis à la cigarette d’abord et à la bière. Puis un jour ce fut un joint de marijuana. Un tube de papier fin avec l’herbe bien sèche. 
Le joint a été la révélation, le plaisir, l’ivresse de l’insouciance, l’oubli de l’indigence, une sensation de renaître, de posséder le monde, de planer dans les nuages comme un oiseau, un bien-être  fou que rien, ni personne ne pouvait perturber, c’était le pied. Absorber dans la divine bienveillance de cette herbe sèche que lui interdisaient ses parents, qui qualifiaient de voyous tous ceux qui en prenaient. D’ailleurs dans son quartier, étaient qualifiés de mauvais garnements, tout celui qui se permettait de fréquenter les personnes réputées de notoriété publique  fumeurs attitrés de chanvre. 

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