Une indifférence qui ne dit pas son nom...

Difficilement il se releva. Je glissai sous ses épaules mes bras sans éviter d’inhaler ce relent acre et nauséabond qui empestait de son manteau mêlé cette odeur piquante d’oignon mélangé à son haleine pas agréable que mon nez ne devait que supporter pour ne pas laisser inachevé le secours que je lui portais. Loin d’être frappé d'ostracisme, le vieux soûlard ne bénéficiait pas de l’assistance de ses semblables, personne ne s’était donné la peine de venir me prêter main forte. Pendant que je tentais de le remettre sur le fauteuil, sa bouche claquait, des gouttelettes de salive en émanaient, ce qui écœurait ceux qui étaient autour, qui finissaient par déguerpir en douce sans dire mot, ni regarder d’où provenait la source de leur désagrément.

Bien qu’embarrassé, je ne vis personne avec une mine grincheuse comme dans une plainte silencieuse, au contraire tous affichaient des gestes lambins quand ils se déplaçaient de leurs sièges pour s’éloigner de la sinistre scène d’un des leurs noyé dans la succulence que procure l’élixir de Bacchus, aucun regard de sympathie fût-t-il ne nous avait été adressé depuis que je m’étais assigné comme tâche de faire le guet à côté de l’homme sénile que colonisait la bière maintenant à souhait. Je sentais un malaise qui couvrait les visages d’une aimable timidité où tout se coinçait dans une forme de résignation, presqu’une non-assistance que savaient avaliser les consciences au nom de cette tranquillité à laquelle aspirait chaque âme sur la terre. Une forme d’indifférence dont la culpabilité ne choquait plus personne.      

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