Piètre mandat d'un président...

Le chaos de la situation au Kasaï est un échec cuisant de l’incapacité de gouvernants de proposer un programme sur lequel peut se baser l’espoir du peuple congolais. Ce qui se passe dans le centre du Congo est une dangereuse extension de cette violence que connait le pays depuis plus d’une vingtaine d’années sans que des solutions adéquates n’émergent des institutions politiques qui tiennent le pays derrière une mascarade de fonctionnement alors qu’elles ne servent que d’alibi à la vie d’opulence de ses animateurs qui s’arrogent l’essentiel du budget national sous le prétexte des frais de fonctionnement de l’état.  
Un état déliquescent incapable de protéger ses citoyens qu’il laisse à la merci des hordes barbares de l’Est du pays qui tuent, pillent et violent un peuple exsangue dans une misère exécrable, pendant que l’élite politique se vautre dans l’ivresse de la corruption et de la concussion, personnalisant les pouvoirs à des fins privées que publiques, injectant dans la jeunesse des contre-exemples ne pouvant point susciter une émergence d’une conscience de ce danger vers lequel court la nation, qui pourrait se manifester dans une désagrégation de l’esprit national au profit des affinités ethniques et tribales pour se construire des bonheurs illusoires que vont promettre des petits potentats qui ont chanté cette possibilité de subdiviser en 26 provinces le territoire, non pour mieux le gérer mais pour émietter un pouvoir dont tous rêvent d’abuser.
Si Mobutu ne jurait que par l’intégrité territoriale restaurée, Joseph Kabila ne sait jurer sur aucun résultat si ce n’est que le chaos amplifié et son inaptitude à porter le fardeau de la réhabilitation d’un Congo qui, par sa géographie et son histoire, devrait jouer un rôle important comme Fanon l’avait si bien dit : « l’Afrique a la forme d’un revolver dont la gâchette se trouve au Congo. »
Cette phrase de Fanon ramène au leadership, à l’inventivité de cette lourde tâche pour conduire des millions d’âmes vers l’affermissement de leur identité, fière de leur histoire et heureux de contribuer à promouvoir l’unité africaine et humaine dans le respect des uns et des autres. Si Mobutu a prêché l’authenticité avec les noms et les abacosts en enrichissant le célèbre couturier Arzoni 1, qui était belge, surtout aussi en alimentant en armes la rébellion pro-américaine et angolaise de l’Unita, malgré ses prises de position sur la tribune des nations-unies en 1973, où il prit clairement position pour les égyptiens dans le conflit les opposant à Israël dans un élan de solidarité africaine, il ne reste de lui que l’image d’un dictateur qui a conduit son pays à l’échec vers les abîmes du sous-développement, pour qui une certaine estime subsiste dans le cœur magnanime de ce peuple qu’il a tant aimé et pour lequel il n’a rien fait ; quant à Joseph Kabila, il restera l’homme sournois dont le silence, comme les gens ont fini par comprendre, est rempli d’impuissance face aux manigances de ses parrains de l’Est qui se livrent à une insémination néfaste de l’insécurité qui désagrège le tissu socio-économique de cette partie du pays sans que le gouvernement ne fasse entendre une vive protestation comme le font d’autres pays lorsque leurs intérêts vitaux sont menacés, au contraire le magistrat suprême baisse les frocs comme un gamin dans une cour d’école apeuré devant les menaces de ses compères ; il subit,s'il n'est pas complice, et notre prestige de peuple avec lui. 
La force, il n’en fait preuve que lorsque la population, lasse de promesses mirobolantes à travers des mots grandiloquents comme révolution de la modernité ou encore les cinq chantiers, se rend compte de toute la supercherie que vaut sa gestion pleine d’élucubrations que d’actions capables de changer à la fois la mentalité et le niveau de vie, proteste, conteste son pouvoir sous le mot d’ordre lancé par une opposition qui rêve d’alternance.
L’affaire Kamuina Nsampu prend des proportions insoupçonnées. Mais à qui profite le crime? Si ce n’est pas aux autorités qui rêvent de se pérenniser par des formules alambiquées en créant des conditions pouvant occasionner la mise en marche des situations d’urgence prévues par la constitution, trouvant ainsi un prétexte légal pour retarder les élections ; mais aussi avec les charniers découverts, elle est symptomatique d’un système sécuritaire irrespectueux des droits de la personne humaine, marqué par la désorganisation de la coercition qui s’applique dans un désordre brutal et brut.
La gravité de la situation est telle que le président aurait dû briser son silence légendaire, mais non! Au contraire sa voix est éteinte, d’autres bouches parlent à sa place ; lui, le garant de la nation n’émet aucun son pendant que la nation s’essouffle, se torpille de misère et de guerre. C’est de l’irresponsabilité cruelle d’avoir cherché la magistrature suprême dans un aussi grand pays quand les compétences font défaut pour marquer en lettres d’or ce qu’ont été ses années comme président. Joseph Kabila, un piètre président à l’esprit fourbe dont nous nous souviendrons toujours.


Commentaires

Articles les plus consultés