Avant la récolte...
De temps en temps, des insectes suçant le sang se prélassent sur leurs visages figés et illuminés maintenant une
allégresse mélancolique comme des êtres en transe espérant vivement un bienfait
qui leur viendrait de là-haut. Les insectes accostent sur des visages
impassibles, y restent injectant leurs sucs infects, mais les femmes restent
indifférentes, enfermées dans leur mutisme ; parfois, une main silencieuse
par instinct s’agite jusqu’à écraser la malheureuse bestiole qui meurt dans l’ivresse de
son intensive besogne, sans même se rendre compte de ce qui lui est advenu, le
ventre écrasé éclaboussant la peau ambrée de sa victime de naguère inerte sa sève
puante.
Au seuil de la contemplation,
dans un élan de communion, les corps de nos mères déraidissent, se mettent à
bouger, à parcourir la superficie des champs, souples comme des gazelles. Leurs
mains agiles immiscent dans les dédales que couvrent les arbustes pour récolter
le fruit de leur labeur qui tombe même dès qu’un souffle de vent le caresse.
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