Lumumba face à la compromission de l'indépendance du Congo...

UNE FIN TRAGIQUE DANS UN DÉPART SOUS TENSIONS ORCHESTRÉES 
Le 17 janvier 1961, quelque part dans le Katanga, dans les environs d'Elisabethville, trois hommes seront assassinés, dans cette république sécessionniste présidée par Moise Tshombé. Parmi ses trois victimes, on y trouve le premier ministre de la toute jeune république indépendante du Congo qui venait d'accéder à sa souveraineté internationale, il y avait à peine sept mois. Le pays fraîchement sorti de la colonisation connaissait des remous de tous genres, à la fois politiques, administratifs et sécuritaires, la confusion était totale, et Lumumba avec son gouvernement bien investi de la confiance parlementaire tentait de pacifier les cœurs et les esprits afin que la tranquillité soit effective sur l'ensemble du territoire.
Les convictions d'un seul homme ne suffiraient à changer un pays que lorsqu'elles sont portées par une équipe solide et bien imbibée de la substance que draine la vision du leader. Pour mener le Congo à l'indépendance, les leaders congolais ont fait preuve de beaucoup d'unité devant la roublardise de la Belgique, surtout lors de la table ronde de Bruxelles 1960, où ils furent preuve d'une remarquable solidarité en réclamant à la fois l'indépendance et la libération de Lumumba pour qu'il participât à ces assises.
L'indépendance acquise, ce fut la quête de prébendes qui préoccupa plus les politiciens congolais que la matérialisation d'une vision claire et nette de ce que serait le pays dans le concert des nations, ainsi éclatèrent des conflits de tous genres à travers lesquels la puissance colonisatrice put reprendre la main en instrumentalisant des compatriotes contre d'autres, sur qui elle ne semblait n'avoir aucun contrôle. 
Le premier d'entre eux à servir de marionnette contre l'indépendance de sa patrie fut Moise Tshombé, qui déclara la sécession de la province la plus riche du Congo, où reposait la grande partie rentable des investissements belges, avec l'appui des officiels et du milieu d'affaires de la Belgique colonisatrice, puis viendra s'ajouter sur cette même lancée au mois d’août de 1960 la sécession du Sud-Kasai. 
Sans compter le courage dont avait fait preuve LUMUMBA en déclarant l'africanisation de l'armée devant le culot du général Jansens qui clamait aux militaires congolais qu'avant l'indépendance est égale à après l'indépendance, et pourtant, c'est cette armée, pour qui il avait doublé les salaires et dans laquelle il avait promu des grades, qui n'a point hésité de l'incarcérer jusqu' à le jeter dans la gueule du loup. 
SI LUMUMBA EST MORT, C'EST LUI, L'HOMME CLÉ, LE VERS DANS LE FRUIT
Dans un contexte si délétère, Lumumba avait grandement besoin d'hommes de confiance pour mener à bien à la fois ses convictions politiques dans une gestion rassurante et apaisée du pays; c'est ainsi qu'il désignait Mobutu, qui fut son secrétaire particulier, comme chef d'état-major des armées dans l'espoir que celui-ci serait un des piliers sur lequel il comptait s'appuyer pour rétablir la paix dans le pays.
Malheureusement, Mobutu, déjà, était au service du colon, mieux, de la sournoise machine dont le but était de brocarder cette gênante liberté d'esprit que certains leaders africains s'étaient arrogés, l'homme avait déjà vendu son âme au diable, mais aussi celle de la toute jeune nation qui venait d'accéder à l'indépendance. En septembre 1960, Mobutu, fort de ses soutiens dans l'armée et dans les chancelleries occidentales à Léopoldville, dont il connaissait parfaitement les couloirs et les corridors, sortait le verbiage salvifique d'une armée au secours du peuple devant l'imbroglio politique qui régnait dans le pays avec le conflit institutionnel entre Lumumba, premier ministre et Kasa-Vubu, le président, à travers l'incident de cette révocation mutuelle entre les deux hommes. Il assignait les politiciens à résidence, dont le premier ministre Lumumba son chef en suspendant les institutions.
Plus tard, quand Lumumba s’échappa dans l'espoir de joindre ses partisans à Thysville pour résister à ce qu'il avait tardivement compris comme une trahison et une tentative de compromettre les dessins qu'il avait sur le Congo de demain, c'est le même Mobutu qu'il le fera arrêter, puis l'enverra au Katanga pour y être assassiné par son pire ennemi le sécessionniste Tshombé, dont le sort est connu de tous et qui pourrait se résumer en cet adage: "Rome ne paie jamais ses traîtres"
LUMUMBA COMME BÉNÉFICE POLITIQUE.
Lumumba assassiné, son nom devient un fonds de commerce pour se faire un crédit, mieux se faire entendre dans le milieu anti-impérialiste et anticolonialiste, Mobutu, une fois au pouvoir, le comprend vite et proclame Lumumba héros national dès 1966. 
Dans tous les discours politiques lorsque leurs auteurs veulent y mettre une authenticité particulière le nom de Lumumba ne manque d’être cité, son ignoble assassinat est évoqué pour mystifier la cause que les uns et les autres prétendent défendre; ce nom devient une source d'absolution même pour les êtres sinistres et cyniques maniant à tort le vocable "peuple" en prétendant être à son service, 
D'ailleurs, combien de fois n'entend-t-on pas parler de Lumumbisme? Une idéologie politique que ne cessent de chanter les leaders politiques congolais, encore que ce leadership n'est qu'oratoire, chanté sur les plateaux de télévision et de radio, réunissant un monde dérisoire capable de remplir à peine une chambre d’hôtel par des membres et militants issus tant de la famille biologique que de son ethnie ou sa tribu. Des gens qui se disent proches de ce que furent les idéaux de Lumumba qui sont dans la méconnaissance totale de ce qu'il avait dit dans son programme d'investiture devant le parlement congolais en 1960 .      

Commentaires

Articles les plus consultés