Minuit s'est évanoui...
Minuit s’est évanoui, absorbé
dans le gouffre du passé, des murmures comblent l’aube qui pointe à l’horizon,
l’éclat timide du jour scintille, et les cieux jusque-là obscurs se comblent de
lumière. Minuit s’est évanoui, le jour prend de l’embonpoint, goinfre les
instants de sa bienheureuse clarté sur le sourire de sa bonté, imbibe le monde
de cette luminosité indispensable à la transparence à travers laquelle les
hommes aspirent à voir la véracité de toute chose.
Minuit s’est évanoui avec son
silence lugubre, son ombre diluée dans la fécondation du charme prémisse qui
annonce l’éclosion du jour nouveau que façonne l’irréversible marche du temps,
qui, à son tour, tisse la toile de l’histoire où s’imbriquent les engrenages
scellant l’unicité du passé, du présent et du futur, pour qu’enfin que se
construise la face du destin.
Minuit s’est évanoui, enfoui,
langui dans les lauriers de ses hier épanouis d’avoir été, encastrés dans un
segment de ce que sera raconté à la postérité sur ce qu’avaient été les
origines de ce que la vie semble leur offrir comme présent ; minuit s’en
est allé, pressé de disparaître pour que s’entonnent des mélodies à la gloire
du jour naissant, que s’entendent les virtuoses chorales d’oiseaux, qui, trop
sans grands efforts, font retentir avec intermittence les chants qui célèbrent
toute leur gratitude à la providence pour les avoir créés.
Minuit s’est évanoui, n’est plus
qu’un souvenir dont nous parlons et parlerons à l’imparfait puis qu’il n’est
encore qu’un passé récent, et, plus des minuits se succéderont, plus nous en
parlerons en insistant sur la lointaine époque où il nous faudra le situer afin
que les contemporains se rendent compte de combien il est éloigné sur la ligne
de la temporalité.
Minuit s’est évanoui, libre, et
le matin apparaît sobre, avec ces arbres aux feuilles ambrées depuis que le
froid est à son sacre avec l’hiver qui trône jour et nuit en maître de céans ;
les hommes aux visages glabres se hâtent dans la rue déserte, les regards
dilués dans une tendre innocence comme instiguée par les instants matinaux qui
succèdent à minuit.
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