La nuée matinale près de chez moi...

Quand le clair du jour a lui, un peu estourbi de voir sa magnificence coloriant l'atmosphère imbue de fumée blanche, une tendre fumée qui peint depuis la lueur de l'aube son éclat moins luminescent. Dans le clair du jour qui s'affiche, la glace est permanente, sous forme de neige compacte bien accumulée le long de la chaussée, sous forme de plaques sur lesquelles le pas qui s'y pose doit le faire avec modestie et circonspection, car l'imprudence pourrait être assez fatale. Sous la nuée hyaline, des faisceaux de cet halo venus de millions de kilomètres qui percent ce vide à la fois comble et transparent jusqu'à égayer le monde par l'éclatante clarté qui a enterré la nuit.
Dans ce clair jour, sous le froid, les arbres sont secs, dénudés de leurs feuillages ou encore avec des feuilles prisonnières de la glace, s'affichant nus avec des branches maigres comme souffrant de malnutrition, leurs écorces s'exhibent desséchées sans désemparer de jour comme de nuit comme hélant à tue tête pour qu'une main magnanime lui infuse une fraîcheur que ne savait leur procurer cet hiver apparaissant comme une torture à laquelle il leur était difficile et impossible d'échapper.
Sur les toitures en tuile de maisons s'accumule de la poudre blanche, mais s’aperçoit aussi de la fumée éjectée de cheminées se mêlant et s'absorbant dans la blanche nébulosité qui se plait d'exister comme une transition entre le ciel et la terre, comme un impertinent nuage en insurrection se voulant plein d'importance dans l’œil humain comme une jonction de deux mondes: celui d'en haut et celui d'en bas. Si les écorces d'arbres comme les peaux d'hommes se dessèchent pendant l'hiver, ailleurs, il injecte une humidité permanente à tout ce qui est sous son influence, qui s'enfle de révérence devant sa présence plus que désirée, où sa température glaciale est une grâce.
D'ailleurs, la rue déserte et mouillée semble resplendir, elle brille de noir comme si le goudron y avait été à peine déversé; à voir de près sur sa surface, il y coule des fines lignes d'eau, serpentant entre les timides aspérités que n'a pu aplatir la niveleuse lors de sa construction. Les voitures sur le parking sont gelées comme dans un congélateur, d'énormes plaques de givre couvrent plus de la moitié de leur surface, cela peut attiser une corrosion rapide de la carrosserie, je m'en inquiète. Sur mon regard se lit une certaine impuissance, dont l'aveu le rend aigre jusqu'à y faire paraître une grimace.
Puis, enfin, me dis-je, à quoi bon m’inquiéter, car leurs propriétaires en sont conscients et qu'ils ont pris les mesures utiles pour y faire face, c'est ainsi que m'est apparu dehors depuis ma fenêtre sous la nuée de ce matin froid.   
   

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