Le jour arrive...

Le jour, silencieux, arrive sur la pointe des pieds ; la barque du temps, bien qu’invisible, ne se lit qu’à travers cette clarté du jour qui dérive de lointains horizons de l’univers jusqu’à s’affaler sur la terre et faire briller le monde de son éclat. L’aube, froide, perce l’obscurité de la nuit qui s’éteint ; la lueur du soleil, timide, incendie un ciel qui révèle à peine une splendeur en résurrection, le silence s'amenuise petit à petit avant que ne s’entendent les voix de la vie.
Les rues sont désertes, orphelines de toute utilité : aucun pneu, aucune semelle ne s’y frotte. La quiétude du potron-minet paraît sinistre, fragile, remplie d’incertitudes que seul le temps peut élucider avec justesse pour en donner la quintessence que puisse agréer l’esprit.
Debout, devant la baie vitrée qui m’offre un magnifique panorama du paysage comme sur un écran de télévision, je regarde le soupir de la ville endormie, je contemple son triste sommeil, espérant avec une pointe d'impatience son réveil, la chaleur des hommes à travers leur entrain, l’innocence des enfants se pavanant avec insistance sur les grandes places de la cité en compagnie de leurs parents cherchant à bénéficier de la magnanimité des rayons intrus d’un soleil vaincu par un hiver acariâtre.
La tasse de thé entre mes mains fume, j’aime et hume cette odeur de thé à la menthe qui m’enivre ; à propos, le thé à la menthe est ma boisson favorite. Même en sortie avec les amis, quand aucun alcool ne nous est prohibé, j’en prends, à tort peut-être, diraient certains, mais, pour ma défense, je sors souvent la blague selon laquelle Confucius en faisait autant pendant ces moments de relaxation, du moins imaginé-je ainsi. Me comparer à Confucius, pour les piètres lignes que j'aligne sur le papier, putain! 
Tout est gelé dehors, figé dans la neige qui assiège les espaces ; tout a blanchi comme si les cieux, du moins une partie, sont en mutation en bas, embrassant non sans passion la terre, juste la seconde d’une furtive idylle, puis se séparer, se parer chacun dans sa position initiale, attendant avec sérénité le moment favorable de se réunir à nouveau sous l’impulsion de cette tendresse glaciale.
La poudre blanche venue d’en haut rend le monde si pur que les âmes se soûlent de sa magnificence, qui  dépure le périmètre de l'existence de toute substance malencontreuse afin que le charme d’être revête le corps du monde.    


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