La politique, une chose étrange en République Démocratique du Congo....
Tergiversations, discussions,
négociations, élucubrations silencieuses, et pendant que ce cirque de
mystification de la démocratie congolaise célèbre son ésotérisme; le pays s'en
va à vau l'eau, engloutissant des grosses gorgées dans le lac du déshonneur et
de l'indignité qui tarissent son prestige national, et à son chevet, ne se
précipitent que des flibustiers qui ne rêvent que de s'enivrer d'une roublarde
compassion et d'une destinée salvifique comme dans une prophétie messianique.
Le peuple, pauvres gens, otage de
cette querelle interminable dans les interprétations textuelles, cette foire où
fusent des pertinentes intelligences avec en appendice la noblesse que porte le
vocable « peuple » au nom et pour lequel tous prétendent parler, pendant
que s’amassent dans l’existence quotidienne de ce peuple que d’incertitudes et,
de similitudes avec des séquences de l’histoire immédiate du pays, où avec la
même fougue, des gens, de très haute facture intellectuelle, ont réussi à faire
de son destin radieux, qui semblait une évidence, un chaos.
L’histoire est un éternel
recommencement, elle est une boucle qui reproduit le passé avec les mêmes
synopsis joués par des acteurs différents.
Enfin, après moult inquiétudes,
je voudrais laisser place à un optimisme réservé, pas une boulimie de
positivité comme si, en claquant les doigts, les choses se seraient mis à
marcher, surtout dans un pays, où ont proliféré un désordre bien entretenu et
une incompétence voulue et instinctive pour rendre encore plus inefficace ce
qui restait des décombres à reconstruire de la deuxième république.
Entre le pessimisme, qui à
mes yeux, est le désespoir consommé et
l'optimisme béant quand on connait le verbiage politique et le volte-face qui
justifient jusqu'à ce jour l'embrouillamini politique congolais au point d’exacerber même les âmes
les plus indifférentes, d'entre nous, à la gestion de la chose publique - la
république, du moins ce qu'il reste encore -, j'opte pour un réalisme historique, eu égard
aux enjeux, aux pouvoirs régaliens des uns et des autres dans le dernier accord
et au regard de la constitution que tous affirment ne pas vouloir violer alors
qu’elle se viole déjà et à tour de rôle, et aussi aux attentes d'un peuple qui
ne semblent pas avoir changé depuis le discours du 24 avril 1990.
Entre 1992 et 1997, le pays a
connu un glissement, le peuple harangué par les leaders de l'opposition de
cette époque est descendu dans la rue, je me souviens même qu'à Yolo Kapela,
des manifestants se baladaient avec un cercueil dans lequel serait enterré le
dernier mandat du président Mobutu. Malheureusement, l'homme est resté, et même
que, comme aujourd'hui, il s'en est suivi des négociations, pas vraiment pour
que triomphe une vraie alternance , mais, de survie politique autour d'une
gestion consensuelle du pouvoir, ce qu'on appelait à l'époque: le partage
équitable et équilibré du pouvoir, l’appât qui avait fini par éroder le volume
de l'opposition, car, une à une, les langues incisives, de ce qui valait encore
l'alternance, se sont mises derrière la toque de Léopard, voyageant nuitamment
à Gbadolite pour recevoir la bénédiction et l'absolution des péchés auprès de
leur chef d'hier pour certains, et leur nouveau chef pour d'autres, en même
temps, c'était la guéguerre avec les anciens compagnons, restés mordicus dans
le camp de l'opposition.
Jusqu'à ce qu'apparaissent LD
Kabila et Cie depuis les collines du Masisi, nous avons connu des gouvernements
parallèles, des accords ne tenant qu'à un fil comme aujourd'hui, car
conflictuels par essence, des pillages, des alliances contre nature, des
déclarations intempestives des fanfarons qui se sont amusés à faire croire au
peuple n'importe quoi en jouant sur la sensibilité de sa précarité
désespérante, les allées et venues des diplomates venant au secours de cette
politique cacophonique entre les mains des intellectuels congolais incapables
de s'accorder sur un minima patriotique pour que soit effectif le bien-être
collectif de leur peuple.
Comme l'histoire se répète,
connaissant la mauvaise foi politique de cette majorité criminelle et corrompue
à la solde du président Kabila, et de tous ceux qui sucent le pays au nom des
affaires farfelues, dénuées de bon sens que ne sait dénoncer aucun
politicien, qu'il soit opposant ou du pouvoir, démontrant combien la caution de
la probité morale est nulle dans la classe politique, je reste réaliste et
sceptique, j'attends d'être agréablement surpris, j'attends que cessent les
massacres à répétition dans le Kivu, j'attends que soient améliorées les
conditions de vie de militaire, j'attends que s'ouvrent des procès de tous ceux
qui ont rendu inefficaces les forces armées de la République, j'attends que les
quinze ans de pouvoir soient passées au peigne fin par la mise sous la lumière
publique de toutes les combines qui n'ont eu comme objectif que de ruiner les
lendemains meilleurs dont nous rêvions.
Enfin grâce à l’église, le
dialogue a eu lieu entre le camp du mal et du bien, du moins par personne
interposée entre leurs représentants ataviques et idéologiques ;
opposition et pouvoir ont accordé les violons, dansant un boléro indécent, qui
l'eusse eu cru un jour! Quand je fais la rétrospective des vidéos, quand
j'entends les tonitruantes déclarations, la férocité et la hargne dans les palabres...qui
l'eusse cru qu'après avoir désigné le diable, la source de tous nos maux, qu'il
souperont avec lui, et lui avec eux, au nom de l’intérêt supérieur de la
patrie, et dans cet invraisemblable tableau que nul ne pouvait imaginer hier, le
peuple est un peu désabusé et éberlué, l'équation est incompréhensible dans son
esprit, mais, c'est là qu'intervient l'ésotérisme politique, où la raison cède
la place au sensationnalisme historique, car les idéologues fanatisés entrent
en jeu avec une rhétorique plus subtile qui embrouille le libre arbitre des
militants, qui, une fois, objectent un avis contraire, sont frappés
d'excommunication, accusés de crime de lèse-majesté.
Le chef a décidé, non pas la
base, mais le chef, et je me rends compte que la politique, devant des choix
difficiles que la base peut assumer pleinement jusqu'au sacrifice suprême,
n'est qu'un autoritarisme déguisé dont les uns et les autres manipulent à leur guise
quand il s'agit d'acquérir le poids de l'adhésion populaire pour se faire un
crédit politique, et une fois dedans, il est difficile de transformer en
réelles revendications les aspirations du peuple qui, souvent, trempe dans la
désillusion quand il verra son sort statique, mais celui de ceux-là qu'il a
posé sur l'étrier de la représentativité populaire se pavanant dans le luxe
étatique d'un pays sans cesse moribond.
Je tente de voir, d'attendre
d’être agréablement surpris et mes doigts sont collés à l'histoire espérant
vivement qu'elle ne se répète pas, mais j'en doute fort.
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