Allègre tout à coup, je cogite...

Tout à coup le cœur lourd avec lequel je m’étais réveillé se voyait alléger, saint comme aseptisé de toutes les aspérités qui envenimaient la fluidité de son aisance. Infusé d’une nouvelle énergie dont j’avais besoin et que je ne pensais point recevoir de sitôt.  Ils m’avaient dépassé avec un enthousiasme contagieux qui m’était resté pour toute la journée. Immobile d’où, debout, je me tenais, les regardais disparaître à travers la porte du bâtiment principal jouxtant le terrain de basket-ball. Revigoré totalement, je traversais avec vigueur l’esplanade de l’école jusqu’à l’arrêt de bus. D’un air enchanté, j’observais défiler les paysages de vignes suisses, bien alignés dans une discipline militaire, peut-être que l’armée obligatoire dans ce pays a fini par inséminer une passion démesurée de l’ordre, cela ne me déplaisait pas en tout cas de voir des plantes si bien entretenues. Au loin s’étalait un rideau de fumée blanche, frêle voguant au gré d’un vent doux et froid, sur l’étendue des eaux timides d’un lac Léman assagi après les tumultes des baigneurs pendant l’été. Le vrombissement du bus s’entendait à peine malgré les montées de colline. Assis au fond sur la banquette la plus large, personne ne venait prendre place à mes côtés, tous préféraient se confiner non loin de la sortie du milieu où un large espace semblait contenir les quelques personnes qui avaient choisi de rester de pied. Dès la première station dans le périmètre de l’université de Lausanne, une décrue s’observait : les sièges étaient vidés. Un bon nombre de ceux qui avaient embarqué dans le bus étaient étudiants. Je les apercevais disparaitre derrière les bâtisses les visages figés et concentrés courant derrière ces rêves dont leurs esprits tireraient pleinement satisfaction quand ils les réaliseront par leurs efforts. Ainsi ils auront conquis le mythe qui peuple leurs aspirations d’homme dans la société. Ils se seront réalisés en partie et la vie pourra leur être plus agréable. Enfin pensent-ils avant que les démarches d’emploi et la situation économique ne leur tracent des sillons de désillusion.

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