Dans ma pièce préférée du bunker...
Un temps s’écoulait dès qu’il cessa de parler. Un silence pesait sur
mes lèvres, qui ne savaient quels mots articuler. Je ne faisais non plus aucun
effort pour en trouver. Le trouble commençait à croître dans mon esprit malgré mon calme. Il ne s’entendait
plus que les gémissements de sa difficile respiration et, le courage me
manquait pour continuer la conversation. De son dos tourné qu’avaient
maintenant découvert les draps, je pouvais apercevoir combien l’homme s’était
émacié – rien que la peau sur les os que n’importe qui avec peu d’attention
pouvait compter.
Rebroussant chemin, j’allai au living-room pour chercher celui avec qui
souvent je le vois. Mon regard balaya toute la pièce sans le trouver. Alors je
m’enquis auprès d’un érythréen à la chevelure ébouriffée comme Bob Marley avec
quelques mots et des gestes s’il pouvait en avoir une idée. De son français
entrecoupé des signes et des quelques anglicismes, j’ai su que c’était aux
toilettes que je pouvais le rencontrer. Pas vraiment… mais dans la pièce où se
trouvaient les toilettes, les douches et la buanderie. Une pièce exiguë où s’embouteillaient
ceux qui viennent déféquer, se laver, nettoyer les assiettes après les avoir
utilisés pour manger ou encore nettoyer et sécher leurs habits, mais aussi ceux qui voulaient se faire coiffer. Un confinement dans lequel il m’avait fallu du
temps pour m’adapter et arriver à m'y mouvoir à ma guise quand le besoin le nécessitait.
Commentaires
Enregistrer un commentaire