Entre deux feux croisés, je médite ....

Sous le poids de l’affliction, je sentis s’engourdir le corps, j’avais l’impression de me débattre comme une mouche prise dans une vaste toile d’araignée, et je n’étais point prêt à me laisser faire, mais aussi je réalisais toute cette force qu’il me faudrait pour que je me défisse de cette emprise maléfique que bien de gens ressentaient sans savoir vraiment comment s’en débarrasser jusqu’à se laisser immerger dans les flots de cette soumission qui contraignaient à se contenter de cette existence de sous-fifre - des moins que rien.  
Une grande pancarte de la croix rouge espagnole me rappelait ainsi qui j’étais aux yeux de ceux qui nous rencontrons dans ce pays. Une affiche grandeur nature d’un enfant noir, probablement africain, malingre, le visage boursouflé, la morve recouvrant ces lèvres sèches, ses yeux bien enfoncés dans ses orbites ne laissaient transparaître qu’une indicible détresse, un vide complet dans l’incompréhension de ce drame qu’il était en train de vivre , sur sa tête des cheveux épars et teintés de brun comme s’il était fan de punk avec un ventre rond comme le globe terrestre. Ce panneau ne cherchait qu’à susciter de l'empathie des bourses pour faire de la générosité universelle, ce qui s’appelle de l’humanitaire ici, prendre en charge tant soit peu la misère du monde par une modique contribution au budget de la croix rouge, et les gens malgré leur propre crise tentaient de solidariser. 
Mais cette enseigne était aussi un sceau marquant l’inconscient dans le sens où elle présentait comme un code génétique et identitaire du continent africain, une sorte de mal congénital que nous étions incapables de curer et nécessitant encore et toujours l’assistance de cet occident, hier civilisateur, aujourd’hui modernisateur et humanitaire pour que nos vies fussent meilleures qu’avant.
Sur cette enseigne, j’avais compris que de gens comme moi n’avions pas de leçons à donner, surtout pas à l’occident (ses habitants) qui nous a civilisé et qui continue à nous assister dans nos malheurs. Le rendez-vous de l’Afrique et l’histoire n’a été qu’un rapport de subordination, même dans les rapports interpersonnels, de manière consciente ou inconsciente, juste une minorité a compris et tente de se défaire de cet instinct de domination et de soumission régentant les rapports intercontinentaux de l’Afrique et le reste du monde.  


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