Quand ces démocrates parlent de nous...
Cette solitude au milieu de la multitude, j’en connaissais un rayon. Plus
qu’un rayon même, car je l’ai vécue plusieurs fois, la combattais de toutes mes
forces pour ne point sombrer les bénéfices de la magnanimité, jusqu’à devenir
le symbole d’une certaine maltraitance que cachaient les lois sur les étrangers
dans ce pays.
Je comprenais le désenchantement qui se lisait avec tant de
clarté sur son visage timide qu’assaillait l’acrimonie des temps obscurs qui se
sont élevés dans ce continent de toutes les sécurités, du moins, c'est ce que nous
croyions avant que l’injure et le dédain ne nous soient devenus une habitude,
que notre présence ne devienne l’objet de longs discours politiques pour se
construire une sympathie populaire, que nous ne soyons un enjeu de différentes
campagnes électorales, où nos destins se tiraient au sort comme dans un jeu de hasard.
Nous n’avions plus que des statuts aléatoires d’hommes, sur qui se perpétraient
assez de petites lâchetés, qui ne semblaient plus émouvoir ; elles ont été
dénoncées, les gens s’en étaient émus, les avaient vilipendées et, rien n’a vraiment
changé.
Ils se sont lassés pendant qu’elles continuaient. Puis ils ne s’en
occupaient plus, en parler était devenu d’une banalité bien notoire. À peine tu
pouvais être écouté et on passait à autre chose de plus agréable : la vie.
Le mal avait pu conquérir sa place au mépris de nos vies, il était d’une
remarquable présence avec des mots qui pèsent lourds qui ne s’entendaient que
dans le grand débat intellectuel de leurs grandes universités, des laïus
incarnant notre insidieux malheur devant lesquels je ne savais m’empêcher une certaine admiration,
tellement que les verbes et les mots qui les construisent étaient d’une
pertinence que j’avais toujours souhaité avoir sans y arriver dans mon langage
que je ne cessais de tisser en lisant et en écrivant.
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