Les remords et les regrets...

Des yeux me lorgnaient d’un air bien saugrenu. Avant je m’en occupais guère. Déjà dès les premiers pas dans le bâtiment, je m’étais rendu compte de cette stupéfaction que ne savaient contenir les policiers commis à la garde. Ils me regardèrent avec un intérêt décontenancé oubliant le garde à vous auquel ils sont toujours assignés. Mes paupières clignaient d’inquiétude mais je tentais de conserver toute la passivité de ma tranquillité d’apparat. 
De temps à autre ma main se rabattait sur ma barbiche poivre sel sur mon menton. Cela faisait presque trois mois que je l’entretenais et elle avait sérieusement cru. On aurait dit un plumet que je portais sous la mâchoire. Petit à petit un malaise commençait à prendre du volume dans ce fort intérieur que je maintenais encore bien zen. 
Des fourmillements se répandaient depuis la plante des pieds jusqu’à conquérir toute la longueur de mes membres qui me chatouillaient avec insistance. Une folle envie de gratter m’envahissait mais je me contenais.  Mes doigts recroquevillés sillonnaient le plastique dont était fait le siège où j’étais assis. Un des policiers de garde à l’intérieur du bâtiment me fixait sans désemparer la main bien posée sur la crosse de son tokarev. 
Finalement dans la salle tout le monde finit par remarquer que j’étais l’heureux objet d’une surveillance indiscrète dans un service de l’état ; celui-ci qui m’offrait son hospitalité pleine de circonspection. Autour de moi sur la pointe des pieds, les gens s’éloignaient et, presqu’isolé, j’étais désormais. Une sorte de commisération s’élevait dans mon esprit vif qui réalisait l’homme que j’étais devenu loin de cette belle terre qui m’a vu naître

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