Extrait d'une conversation délicate...
Depuis les années
universitaires l’homme a bien changé, intelligent, il est recruté dans les états
majors des partis politiques jusqu’à être élu député lors des élections démocratiques
de l’après Sun city. Il est un des meilleurs orateurs de ces nouveaux
politiciens et un des meilleurs défenseurs du chaos actuel.
Sa vie sociale a
aussi complètement changé : totalement avec ce cumul des biens exorbitants
en quelques années - une vraie fortune, mais sordide quand même, pour les
sources d’où elle provenait-.
Il était mon ami,
et avec lui, nous avions beaucoup de liberté à se dire des vérités sur ce qui n’allait
pas au pays. Je venais solliciter son appui financier lors de l’édition
prochaine de mon livre sur l’implication des groupes armés dans le commerce du
coltan et discuter avec lui du rapport de Thierry Vircoulon sur la guerre au Kivu.
De son calme timide
et attentif, il m’écouta sans interrompre une phrase : mes allusions et
mes conclusions.
Quand j’eusse eu terminé,
il se leva pour se mettre à coté de la fenêtre et dit d’une voix grave que je
savais reconnaitre, l’homme était au comble de l’embarras :
-J’avoue que tu
as gardé ta curiosité bien éveil comme à l’université et ton travail est bien
fouillé mais je pense que tu sous estimes le danger au nom de ta passion pour
la vérité ; c’est légitime mais tu n’as aucune idée de la barbarie dont
ces gens peuvent faire preuve pour ne pas être dénoncé par un compatriote. Les blancs,
ils n’oseront pas mais entre nous, tout se règle à la kalachnikov .Et personne ne
pourra venir à ton aide si ce n’est le Bon Dieu, encore faut il qu’il t’entende
avec tous les grincheux de ce monde qui s’adresse à lui, m’ajouta t il
tristement avec un regard plein d’amertume.
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