Une injure maladroite: Extrait de mon roman...

Dans mon costume juste mesure, le pas lent j’avançais vers le policier chargé de m’inspecter. Brusquement une phrase retentit comme une déflagration incongrue secouant légèrement ma sérénité d’être, la quiétude de mon assurance en soi, ce capital respect que je voue à moi-même. Une invective venait d’être lancée par un militaire assis sur un banc. Et les propos, facilement, ne pouvaient que m’être accolés. Etant la seule personne vêtue d’un costume, et la seule parlant continuellement français depuis nous étions alignés avec les autres au poste de garde, où nous déposions nos pièces d’identité ; je me résolus à boire la coupe de l’indifférence malgré la salve de rires. En lingala, la phrase dit : « Bango ba miyibi ya mboka,nde batu oyo balataka kazaka na koloba français tiiii i- C’est eux les voleurs du pays, toujours en costume et cravate parlant français  ».
Je venais de me faire traiter indirectement de voleur à cause du costume et du français dont j’usais quand j’ouvrais la bouche. Drôle de conscience d’un paradoxe réel subsistant dans ce haut lieu de la république-en l’occurrence le parlement- où le costume est la tenue obligatoire pour les députés et le français comme langue de travail et de communication. Donc il était conscient de ne veiller que sur des voleurs, mais impuissant de faire quoi que ce soit malgré la puissance de son fusil. Pauvre de lui, je le plaignais.


Commentaires

Articles les plus consultés