Je saigne de ta main, assoiffée de mes larmes...

Je me résigne de ne point dire mot, que ma langue s'astreigne de briser le calme plein de ton silence, acceptant le poids de cette douleur qui soigne. Mes yeux se ferment avec dignité sur la potence de mon exécution où ton esprit a pris plaisir de me désigner comme la victime appropriée de ton indifférence. Je ne puis empêcher mes larmes de ruisseler le long de mes joues fades. Je ne dirai aucun mot pour me défendre, jusqu'à la lie, je boirai la coupe de cette morbidité tacite que ton indifférence m'impose.
La souffrance gratuite anoblit, surtout lorsqu'elle émane d'un passé aux effluves des passions et des désirs partagés ; des intimités démêlées, entremêlées, contemplées et confessées. Je te reste loyal malgré les écorchures injustes que tu m'infliges depuis. Je t'aime trop pour me permettre de te haïr ; certes, mon cœur souffre, mais quand je peux me remémorer les doux regards de tes yeux à l'air libre, nos inlassables étreintes suintant de tendresse quand arrivait l'instant vespéral, ta douce main dans la mienne accompagnant le souffle du vent dans une ballade à l'amble, et, le bruissement de nos corps enlacés encore revêtus de fin tissu ; une délicieuse sensation d'avoir été aimé embellissait le présent douloureux.
J'acceptais ainsi d’être immolé sur l'autel de ta méchanceté fortuite, voudrais je croire, encore croire et toujours croire. T'aimer à la déraison scellait en moi une trinité mirobolante faite d’illusions, d'allusions et d'infusions où le mal que je devrais sentir se diluer dans une quiétude transcendantale.
Depuis, j'ai toujours su que l'homme est capable du meilleur comme du pire, ainsi je m'arroge le droit de ne voir que ta bonté et ta sollicitude quand j'en recevais encore, fermant les yeux sur cette allégresse que tu éprouves en t'extasiant sur les talents de ton coté obscur.
Je te remercie de tout cœur pour ta sincère méchanceté, je suis de ceux qui s'obstinent à peindre le bien en dépit et malgré tout, le verbe haïr me sera à jamais un fardeau insupportable. Je te souhaite une fructueuse carrière dans cette passion de la haine où tu ne cesses de t’évertuer. Je t'embrasse avec amour.

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