Dhema , la somalienne...

Nous étions une vingtaine d’élèves à suivre ce cours de finlandais : des arabes, des africains et des asiatiques. Je me souviens de cette somalienne, toujours gentille et souriante qui me gratifiait à chaque début de cours de son regard plein de douceur et de charme. Un peu excessivement maquillé au rimmel, avec ce rouge à lèvres ressemblant à une empreinte de soupe pendante qui n’avait pas été essuyée après qu’elle l’eût été bue. Avant ce sourire gentil m’était égal. Un fait anodin que j’oubliais juste après. Puis je commençais à y prendre goût ; il m’était même devenu indispensable chaque matin comme cette dentifrice malaxée dans la bouche pour se nettoyer les dents avec la brosse afin d’une diction aisée et apaisante, quand le soleil se lève. 
Quand il arrivait qu’elle se pointa un peu tard, j’avais toute mon attention fixée sur le moindre mouvement de la porte d’entrée. Une impression de manque s'arrogeait le droit de présence dans mon esprit, je n'y pouvais absolument rien. Rien, si ce n'est que souhaiter vivement dans un silence agité qu'elle apparût. 

J’observais les battants qui s’ouvraient et se fermaient, et, dès qu’elle en franchissait le seuil, ses yeux fixaient les miens en premier ; un sourire complice et concomitant se dessinait sur nos lèvres. Je me retournais sur ma chaise comme rempli d’une seconde énergie. Avec entrain je me remettais à suivre les cours. Désormais cette salle de cours me révélait une seconde passion : Dhema.

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