Je ne suis qu'un interprète du silence de la nature : je suis humblement poète...

Chaque aube est un temps propice où le silence se fait bruyant des confidences, entre ses interstices le vent souffle, des mots se hissent, des phrases se font lisses, des plis remplis de sens se délient, et l'inspiration se fait perspicace, l'esprit se voit ensemencer des lettres pour concilier le mutisme indistinct de la nature ambiante à la parole compréhensible de la raison humaine. Ainsi le poète ne devient que l'instrument de conversation entre deux mondes, un élément de conversion entre deux ondes fusionnées dans un seul langage afin que l'homme ne puisse point oublier la filiation dont il fait partie malgré son euphorie de s'être autoproclamé comme la parfaite créature de la nature.  Dans le silence de chaque matin avant que le soleil ne pointe à l'horizon, quand l'obscurité agonise dans le charme de l'aurore dans un ultime baiser, une lueur naissante éclairant le ciel, l'âme du poète communie avec le souffle du vent, le crissement des feuilles d'arbres, le déferlement des vagues sur la vague, ensuite sur la berge, le plaisir mutique des grains de sable humectés par les eaux salées de la mer ; dans les abysses de son être, le poète entend des voix claires et nettes que sa main transcrit avec fidélité sur la feuille blanche dont la virginité est violée par le message, avec un élan complice entre le temps, la raison, et la surface sur laquelle sont couchés ces textes magnifiques.


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