Réinventer la vie malgré l'aigre goût du présent...

Je rêvai de mes abondances d'hier dissoutes dans la précarité du présent. Il ne me restait plus que le prestige des souvenirs pour entretenir ma fierté, et fuir l'evidence de cette misère si visible qui me collait à la peau. Au lieu du soupir de la vie, il ne se voyait plus qu'en moi le poids harassant de la résilience.
Je souffrais d'une trinité d'infirmités : mon corps avachi par la souffrance, la couleur de ma peau et la délitescence du sens humain de temps présent. Une thérapie m'était fort utile et la bienvenue! Malheureusement, j'étais oint de l'obscurité de la solitude, et en ce temps de nombrilisme national et de tensions raciales, attisé par la cécité intellectuelle, l'incertitude économique des lendemains et le discours politique rempli d'incriminations de ceux essoufflés de théoriser sur la conduite de la vie publique. Il était facilement et agréablement admis de ne point tendre la main à cet autre qu'on ne savait plus voir que dans ses différences pour mieux lui tourner le dos.
Plus que toute autre personne, j'avais une conscience aiguë et pointue de tous les risques me lorgnant afin que, dès la première occasion, je m'écartasse à jamais de cette empreinte inscrite dans le fond de mon coeur, me reliant à cette indispensable paix avec soi-même.
Je me considérai depuis en convalescence, reconstruisant l'essence de mes racines d'ubuntu menacées d'extinction face à une hostilité sournoise et tacite. Je résistai dans le silence à la délitescence de mon sens humain, avec le seul bruit de mon stylo humectant la feuille blanche des mots de vie et d'amour.

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