Baisers d'adolescents...

Il faisait très froid depuis le matin. La journée a été très saturée d'écritures et de ratures. Membre de la vieille école, je ne cesse d'écrire sur le papier les idées qui me traversent l'esprit. En sortant de la bibliothèque, je doutais entre le métro et le bus pour rentrer à la maison. Une longue hésitation qui avait commencé bien avant. Il me fallait donc décider car l'atmosphère était bien froide dehors ne laissant aucune possibilité de trop s'y attarder. Je jetais mon dévolu sur le bus finalement. Givrés que nous étions tous légèrement dans ce bus comblé d'air chaud, il ne s'entendait que quelques murmures de conversation jusqu'à ce qu'ils soient montés. Deux jeunes adolescents bien enlacés : une petite blonde bien ronde et bien roulée dans son jean blanc avec un visage ivre d'une sensualité à peine consommée qu' accompagnait un jeune homme noir portant une large crinière de mèches me rappelant la coiffure de Bob Marley ou encore de Peter Tosh.
Désormais, seuls leurs mots comblaient le ronronnement du moteur, emplissaient l'habitacle, et des fois, retentissaient des baisers tonitruants comme un désir envoûtant auquel l'on accédait pour la première fois à la consommation : la concupiscence semblait ne pas être loin ou encore nous en vivions la désinence. Je m'octroyais alors le loisir de les regarder d'un œil furtif : la fille embrassait fougueusement son ami à la bouche dans un geste rempli de passions désinvoltes, ses mains agrippaient avec empressement ses cheveux longs, le tout se passait à coté des voisins qui semblaient embarrassés, mais obligés de se diluer dans le silence de l'indifférence, n'est-ce pas qu'ici la permissivité et la liberté vont de pair jusqu'à ne faire qu'un. Nous étions de plein pied dans cette modernité de mœurs.


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