Confession intime d'un rancunier...

J’avais décidé de vivre d’une joie insubmersible que nulle peine, même indicible, ne pouvait engloutir dans ses abysses, mon regard bien que vide laissait transparaître cette ferme main qui tenait la destinée sans la lâcher d’un iota. 
Ma foi à mes lendemains meilleurs était indémontable, ni escamotable, son périmètre restait intact comme un bloc de marbre, presqu’insensible aux vicissitudes qui comblaient le décor de mon existence. 
Des fois, je vivais dans la tourmente et le désespoir, sentant un proche surgissement d’une fin aux origines inconnues qui allaient étouffer ma vie que mon esprit n’a cessé de ménager afin d’en faire une œuvre utile sur la terre des hommes. Je marchais, tout sanguinolent avec mes écorchures et mes gerçures, les yeux recouverts de ce poids que l’injustice imprimait avec audace dans les méandres de cette vie dépréciée que je tenais de changer. Plus la chair souffrait, plus aguerrie devenait la modeste âme du supplicié de l’injustice que j’étais. 
Mon cœur battait d’ un rythme doux rempli d’hargne mûre, il ruminait une vengeance en gestation : des dessins lugubres y circulaient où je m’enivrais d’extase mortifère par le biais de laquelle je faisais payer tous les scélérats qui ont démoli mon plaisir de vivre.  
Ma haine avait cru et j’avais appris à apprivoiser l’impatience de panser par le sang toutes les peines que les hommes avaient peint gratuitement dans mon existence. J’assumais le qualificatif de rancunier qui m’avait été accolé. Je me vengerais. Cette phrase prononcée en dernier lieu le ravit, il ne put s’empêcher un sourire malicieux et sarcastique.

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