Prilly ce matin...

Aigus, têtus, pointus sont les premiers sons que la journée offre à mes oreilles, intermittentes mélodies que chantent avec un zèle millénaire les oiseaux dans un ciel clair de soleil à satiété. Le matin s' affiche bien tendre, les herbes brillent de rosée et de verdure, les branches d'arbres rivalisent d'allure quand perdure la caresse du vent sur leurs corps avec volupté, les rendant ainsi volubiles dans leur plaisir.
Des corbeaux imbus de leur prestance lugubre croassent dans le ciel, parce que c'est samedi, ils se dirigent vers les berges du Léman où les hommes largueront bien de débris de leur surconsommation alimentaire après avoir fait la fête, avec lesquels ils s'empiffreront dans leur modeste corps à peine gros comme un poing fermé.
À l'entrée de l'immeuble prévu à la démolition où je squatte depuis quelques jours, j'entends des voix confuses et indistinctes; un homme et une femme discutent, les mots se lâchent dénués de toute tendresse, tout me semble que c'est une altercation. L'homme crie presque, la femme n'est pas non plus mesurée, mais avec constance, élégance et fermeté. Sa voix régulière répond aux menaces et aux invectives. 
Un peu inquiet, je lorgne à travers le trou de la porte, je vois un homme parlant en agitant ses mains dans tous les sens et, une femme le regard bien fixe, d'une maitrise d'un grand maître en yoga, adossée contre la rambarde de l'escalier. Elle domine l'instant, il me semble, et cette colère de l'homme me paraît comme un bel aveu d'impuissance tentant de masquer une faiblesse argumentaire.

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