Le soir au vieux port de Lutry...

Le crépuscule recouvrait la cime des montagnes, le soleil s’avouait vaincu, le lac immobile semblait respirer avec le peu de circulation que favorisait la lente survenue de la nuit. Les bateaux amarrés au quai tanguaient au gré de légères vagues que pouvait encore drainer le souffle timide du vent. Quelques personnes s’activaient encore à plier les voiles et ranger ce qui avait servi à la petite virée diurne sur les eaux calmes du Léman. Les terrasses et les restaurants se remplissaient d’une clientèle éprise du charme que dégageaient les berges du vieux port de Lutry et, aussi des plats préparés succulents qui se servaient. Les passants de ces instants vespéraux n’avaient d’yeux que sur la resplendissante beauté de la surface du lac qui allait fondre dans l’opacité de l’obscurité que la nuit allait peindre sur les heures à venir. 
Les enfants se poursuivaient perchés sur leurs trottinettes, les roues retentissaient tonitruantes sur le vieux pavé longeant le petit mur de roche encadrant la berge dans un esthétique qui semblait d’une autre époque. Sur les bancs faisant face aux montagnes bordant le lac, les amoureux se câlinaient, des mots se susurraient loin de toute discrétion, les mains circulaient sur leurs corps, qui se serraient avec une inouïe tendresse. Si l’oreille pouvait bien s’étendre dans une certaine mesure, sûr que les cliquetis de couverts pouvaient s’entendre quand ceux-ci balayaient les assiettes en prenant leurs délicieux contenus pour remplir les estomacs avides, après avoir fait le bonheur de la dégustation à la langue et à la bouche.  Non loin, sur les tables d’un restaurant au comble de ses clients, s’apercevaient des lumières feutrées que reflétaient des petites lampes comme des petits champignons blancs et luminescents. 
Les rues étaient désertes dans le centre-ville de Lutry, les quelques personnes qui s’y promenaient convergeaient vers le reflet des lumières que reflétait la surface du lac quand tout éclat avait disparu de la vastitude du ciel. Un vent léger provenait de l’espace entre les montagnes, le lac et la berge, d’une fraîcheur modérée il rafraîchissait le moment. 
Les pas hâtifs se laissaient échapper une mélodie saccadée cognant avec sévérité les dalles, qui recouvraient le petit trottoir où la balade s’appréciait comme une friandise, dont il était difficile de s’en passer. Une quiétude absolue se respirait dans la finesse et la délicatesse, qui se lisaient dans le sublime délice dont le lieu était empreint. Les montagnes qui s’affichaient pleines de splendeur rocailleuse la journée, se retrouvaient comme des ombres lugubres que les ténèbres de la nuit n’avaient pu engloutir totalement.

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